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Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

europe1_beta, 28/09/2006

Trois fonctionnaires de la Police de l’air et des frontières (PAF) ont comparu jeudi devant le tribunal de Bobigny pour « homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud. La représentante de l’accusation a estimé que deux des prévenus, Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement. Elle a donc requis une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée. Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier. Contre le troisième policier, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit à la mort de la victime. Le jugement a été mis en délibéré au 23 novembre.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était venu une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier. Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise vagal, l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime, Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel. Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Depuis cette ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne être en situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

logo express 28/09/2006

Une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée, a été requise contre deux policiers jugés pour l »’homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La représentante de l’accusation a estimé que les deux prévenus de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement.

Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier.

Contre un troisième policier prévenu des mêmes faits, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit à la mort de la victime.

Le jugement devait être mis en délibéré dans la soirée.

Il est très attendu par le ministère de l’Intérieur comme par les associations de défense des étrangers, au moment où la France s’apprête à dépasser pour l’année 2006 le chiffre de 20.000 expulsions d’étrangers de l’an dernier.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi s’étaient en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier.

Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise « vagual », l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime. Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel.

Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Interrogés sur la mort de l’homme, les prévenus se sont dit « troublés », « surpris » et ont parlé de « situation pas facile à vivre » mais n’ont pas exprimé de regrets.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, leur stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

Reuters, 28/09/2006

Une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée, a été requise contre deux policiers jugés pour homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La représentante de l’accusation a estimé que les deux prévenus de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement.

Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier.

Contre un troisième policier prévenu des mêmes faits, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit a la mort de la victime.

Le jugement devait être mis en délibéré dans la soirée.

Il est très attendu par le ministère de l’Intérieur comme par les associations de défense des étrangers, au moment où la France s’apprête à dépasser pour I’année 2006 le chiffre de 20.000 expulsions d’étrangers de l’an dernier.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi s étaient en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier.

Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise « vagual », l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime, Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel.

Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Interrogés sur la mort de l’homme, les prévenus se sont dit « troublés », « surpris » et ont parlé de situation pas facile à vivre » mais n’ont pas exprimé de regrets.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, leur stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Cinq ans de réclusion pour avoir dévalisé le buraliste

 B.A., 23/03/2006

CINQ ANS de réclusion. C’est la peine que les jurés de la cour d’assises de l’Oise, à Beauvais, ont infligée hier soir à Anis Drissi, S. G., Heykel Lassoued et Cyril Pépin, âgés de 23 à 25 ans, originaires de Marly-la-Ville et de Fosses. Ils comparaissaient pour le vol à main armée commis dans le bureau de tabac tenu par Patrick et Christine Delille à Plailly, le 29 octobre 2003 à 7 h 10.

L’avocate générale, Line Bonnet, avait requis de cinq à huit ans de réclusion pour les quatre braqueurs, ainsi qu’une peine de trois ans avec sursis pour Frédéric Aubé, 23 ans, pour le recel, dans la région de Bourges (Cher), des quelque 98 cartouches de cigarettes dérobées au cours du braquage.

« Il s’agit bel et bien d’une bande organisée qui a commis des actes de violence gratuite sur les commerçants et le client présent, avant de rafler 1 800 en numéraire et deux cartons de cigarettes », a-t-elle martelé dans son réquisitoire, rappelant que le braquage avait été perpétré, avec une voiture volée, quelques minutes après la livraison de la marchandise aux débitants.

Autre argument de l’accusation, la bande avait, en un temps record, ôté les codes-barres des paquets de cigarettes pour éviter qu’on découvre leur provenance frauduleuse. Mais elle avait aussi trouvé un receleur, ami d’enfance de l’un des accusés, qui a très rapidement écoulé la marchandise.

Un réquisitoire démonté point par point par l’ensemble des avocats de la défense, tous reprenant les résultats de l’expertise psychiatrique des accusés, évoqués dans la matinée et révélant surtout « des jeunes immatures, avec parfois une violence inquiétante et une intolérance à la frustration ». « Non, ces gamins n’étaient pas des professionnels, plaide Me Even, conseil d’Anis Drissi. Car, s’ils l’avaient été, ce serait les livreurs qu’ils auraient braqués pour partir avec toute la cargaison. Au départ, ils voulaient juste la caisse, ils n’avaient pas pensé à voler de la marchandise. »

« Ils ont agi de façon improvisée. Ce sont des jeunes qui avaient récemment vécu une cassure dans leur vie personnelle ou familiale, renchérit Me Maugendre, l’avocat de Cyril Pépin. Ils ont besoin d’être cadrés et de bénéficier d’un accompagnement social et professionnel lorsqu’ils sortiront de prison. C’est une garantie contre la récidive.»

« L’avocate générale se trompe sur les motivations de ces gamins, insiste Me Stepniewski, le défenseur d’Heykel Lassoued. Contrairement à ce qu’elle affirme, au moment des faits les accusés n’ont pas fait le choix de l’oisiveté. Tous avaient, pour des raisons différentes, du mal à trouver du travail. Il faut leur ouvrir la vie plutôt que de refermer sur eux la porte de la cellule. »

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Les braqueurs du tabac

 Bénédicte Agoudetsé, 21/03/2006

DANS LE BOX des accusés, Anis Drissi, S. G., Heykel Lassoued, 23 ans tous les trois, et Cyril Pépin, 25 ans, comparaissent depuis hier et jusqu’à mercredi soir devant les assises de l’Oise. Originaires de Fosses, dans le Val-d’Oise, tous sont actuellement détenus et directement impliqués dans le violent braquage du bureau de tabac de Plailly, le 29 octobre 2003. Mais aussi dans le vol et la destruction par incendie de l’Opel Corsa dérobée la veille à Chaumontel, qui leur a servi à commettre le vol à main armée.

Les propriétaires du commerce victimes de violences, Christine et Patrick Delille , se sont constitués parties civiles, tout comme la propriétaire du véhicule, retrouvé en cendres dans un chemin de terre près de Plailly dans les jours qui ont suivi le drame. Outre les sérieuses blessures à la tête qu’il s’était vu infliger, notamment à coup de crosse, le buraliste avait également dû céder les 1 700 que contenait sa caisse.
Devant ces quatre malfaiteurs, un cinquième accusé, Frédéric Aubé, 23 ans, comparaît lui, libre, pour avoir recelé et écoulé, dans la région de Bourges (Cher) où il réside, les deux cartons de cartouches de cigarettes dérobés par ses complices.

« Aucune société d’intérim ne voulait plus me proposer de contrats. Voilà pourquoi j’en suis arrivé là »

L’audience d’hier, sévèrement amputée en raison du retard du dernier accusé, a été consacrée à la personnalité des braqueurs. Leur point commun : ils se trouvaient au moment des faits « au chômage et mal dans leur peau ». « J’avais été incarcéré à tort pour un viol que je n’avais pas commis, et pour lequel j’ai obtenu un non-lieu, explique Cyril Pépin. Aucune société d’intérim ne voulait plus me proposer de contrats, et ma famille avait de gros soucis financiers. Voilà pourquoi j’en suis arrivé là. » C’est ce vigoureux colosse d’un mètre quatre-vingt-dix qui a fourni les armes du crime : le gomme-cogne (pistolet à balles en caoutchouc) subtilisé à son propre père, ainsi que le fusil factice « emprunté » à son jeune frère pour les besoins de la cause. Les biographies des autres braqueurs sont peu ou prou semblables à celles-ci, sur fond de vie dans des familles modestes mais méritantes, d’échec scolaire et d’un sérieux manque de maturité.

Aujourd’hui, la suite des débats sera notamment consacrée à l’examen des faits.

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Les braqueurs s’étaient fait cueillir à la sortie de la poste

 Damien Delseny, 23/11/ 2005

LES QUATRE braqueurs sont sans doute devenus superstitieux. Leur jeune et très brève carrière dans le banditisme s’est en effet achevée un vendredi 13 devant le bureau de poste de Louvres, cueillis un par un par les gendarmes qui les guettaient. C’était en juin 2003. Aujourd’hui et jusqu’à vendredi soir, ces quatre jeunes âgés maintenant de 20 et 21 ans et originaires de Sarcelles comparaissent devant la cour d’assises du Val-d’Oise pour ce hold-up manqué.

Canon posé sur la tempe ou la nuque
Il est 6 h 50 ce matin-là à Louvres. Les rues du village sont calmes. Pourtant, deux passants remarquent une curieuse scène devant le bureau de poste. Ils reconnaissent un employé, planté devant le distributeur automatique de billets, visiblement apeuré et accompagné par une personne encagoulée. Ils préviennent discrètement la gendarmerie. Cinq minutes plus tard, une patrouille arrive sur le secteur et interpelle immédiatement un jeune homme installé au volant d’une Renault 21 qui attend, moteur tournant, devant l’agence. Quelques secondes plus tard, les militaires aperçoivent trois autres hommes à l’intérieur du bureau qui s’enfuient par l’arrière. Une poursuite s’engage dans les rues et deux autres braqueurs sont interpellés au fond d’une impasse alors qu’ils escaladent un toit. Deux heures plus tard, alors qu’un hélicoptère tourne dans le ciel pour le localiser, le quatrième malfaiteur est arrêté caché entre deux voitures.

Les gendarmes mettent aussi la main sur une carabine 22 long rifle jetée dans un buisson et à laquelle il manque un morceau de crosse qui sera retrouvé à l’intérieur du bureau de poste.

Le symbole d’un braquage violent, comme l’ont rapporté les nombreuses victimes prises en otage dans l’agence. Car pour s’introduire dans le bureau de poste, les trois braqueurs ont profité de l’arrivée du camion de livraison du courrier vers 6 h 25. Menacés par la carabine, le chauffeur et un employé présent sur place ont d’abord été enfermés dans une pièce. Dix autres employés les ont rejoints au fil des minutes. Chaque arrivant était minutieusement fouillé et délesté de son téléphone portable. Certains affirment avoir été mis en joue, d’autres ont carrément senti le canon posé sur leur tempe ou leur nuque. Les trois braqueurs voulaient vider le coffre, mais aucun des employés présents ne pouvait l’ouvrir. Ils ont alors décidé d’attendre le responsable de l’agence. Pour occuper le temps, l’un des malfaiteurs a molesté un employé, lui dérobant sa carte bancaire avant de l’emmener retirer de l’argent au distributeur. Une « erreur » qui a causé la perte des braqueurs, remarqués par deux témoins.

Décrits comme « nerveux », les trois hommes présents dans l’agence ont laissé une impression d’à-peu-près. Il faut dire que, selon leurs propres déclarations pendant l’enquête, le hold-up avait été préparé la veille en marge d’un entraînement de foot. Les débats devant la cour d’assises vont durer trois jours. Le verdict est attendu vendredi.

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Expulsions d’étrangers

Pascale Egré, 16/11/2005

IL Y A UNE SEMAINE, Nicolas Sarkozy annonçait aux députés avoir demandé aux préfets l’expulsion « sans délai » de « 120 étrangers, pas tous en situation irrégulière » impliqués dans les violences urbaines. Samedi soir, lors d’une visite au commissariat du VIII ème, le ministre promettait qu’elles auraient lieu « peut-être dès lundi ».

« Il ne s’agit pas de faire du chiffre, c’est une question de principe », précisait-il. Et hier, il a indiqué à l’Assemblée nationale que dix procédures d’expulsion d’étrangers ayant participé aux émeutes des banlieues avaient été engagées.

Une « cellule de vigilance » pour préparer d’éventuels recours.

Mais du discours à l’application, le pas se révèle toutefois plus difficile que prévu. Vilipendé par l’opposition (PS, Verts), accueilli favorablement par les députés de la majorité – dont l’un, Jean-Paul Garraud (UMP Gironde), a même proposé de déchoir de leur nationalité des fauteurs de troubles naturalisés – cette mesure se heurte avant tout, comme l’ont souligné nombre d’associations de défense des droits de l’homme, aux termes de la loi elle-même. L’affaire de l’imam de Vénissieux, visé par trois arrêtés successifs, avait démontré à quel point le cadre de ce type d’expulsion  administrative est strict. « Il ne peut être justifié que dans des situations très rares de menace grave à l’ordre public », décrypte Marie Dufflo, du Gisti (Groupement de soutien et d’information aux immigrés). En énumérant les comportements en question (portant atteinte aux intérêts de l’Etat, ou liés à des activités terroristes, ou de provocation à la discrimination, la haine, la violence), la juriste interroge : « Une voiture brûlée entre-t-elle dans ces catégories ? »

Au-delà du flou sur leur nombre (une centaine sur les 1 500 gardés à vue selon la DGPN le 10 novembre), le profil même des émeutiers étrangers placés en garde à vue constitue en soi un obstacle, en raison des protections interdisant l’expulsion de certaines catégories d’étrangers. Dès vendredi, le Conseil national des barreaux estimait que « la plupart des jeunes » condamnés pour violences urbaines étaient « inexpulsables ». « On ne voit pas bien où ils vont les trouver, poursuit Marie Dufflo. Au minimum, ces étrangers doivent être majeurs, ne pas avoir résidé habituellement en France avant l’âge de 13 ans et ne pas y avoir de famille. » Pilier d’une « cellule de vigilance
» mise en place hier par le barreau de Seine-Saint-Denis afin de préparer d’éventuels recours contre des arrêtés pris « en urgence absolue », Me Hacene Taleb s’indigne : « M.Sarkozy est pourtant avocat ! A-t-il oublié l’esprit de la loi ? »

Saisi en référé par SOS Racisme samedi, le Conseil d’Etat avait débouté l’association de sa requête, confirmant la légalité du télégramme adressé par le ministre de l’Intérieur aux préfets, tout en estimant ses déclarations à l’assemblée « sujettes à caution au plan de la légalité ». Nombre d’associations estiment ainsi au final que « le but était avant tout d’ordre politique ». « Il a joué le symbole, le clin d’oeil aux électeurs du Front national, l’amalgame », estime Mouloud Aounit, du Mrap. « Faire des étrangers les responsables des émeutes lui permet de préparer un contexte favorable à son futur projet de loi sur l’immigration, attendu comme encore plus restrictif que le précédent », analyse Stéphane Maugendre, du Gisti. « Ni les jugements catégoriques, ni l’état d’urgence, ni les mesures expéditives d’éloignement ne favoriseront le vivre ensemble », a réagi à son tour la Cimade, en déplorant « une stigmatisation intolérable ».

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Dix émeutiers étrangers menacés d’expulsion

images fig A.-C. D. L. et M.-C. T., 16/11/2005

Le ministre de l’Intérieur a annoncé hier soir que la procédure était « engagée ».

Une semaine très exactement après avoir promis de faire « expulser sans délai » du territoire national tous les étrangers condamnés dans le cadre des violences urbaines, Nicolas Sarkozy est donc entré dans le vif du sujet. Et a mis les textes à exécution.

Hier soir, Place Beauvau, on se refusait à toute communication supplémentaire, notamment sur l’identité, les origines ou encore l’âge des individus concernés. Selon nos sources, l‘un de ces dix cas pourrait toutefois être celui d’une personne en situation irrégulière et déjà visée par un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière.

Ces procédures sont rendues possibles par l’article L 521 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile en cas de « menace grave pour l’ordre public ». Un article qui protège cependant les mineurs de toute expulsion et offre à d’autres catégories des protections juridiques, en fonction de plusieurs critères, notamment leur ancienneté d’installation sur le territoire (avant l’âge de 13 ans) ou leurs liens familiaux.

Une question de principe

Peu de temps après son annonce du 9 novembre, qui concernait également « ceux qui ont un titre de séjour », le ministre de l’Intérieur avait indiqué qu’il ne s’agissait pas « de faire du chiffre » mais que c’était « une question de principe ». « Tous ceux qui pourront être expulsés dans le cadre de la loi le seront parce qu’ils ont participé à des émeutes », avait poursuivi Nicolas Sarkozy.

En visite samedi dernier au commissariat du VIIIème arrondissement à Paris, le ministre avait même précisé qu’il « devrait y avoir des expulsions dès le tout début de semaine » ; de son côté, le porte-parole du gouvernement soulignait que « très peu de personnes » seraient concernées. Hier soir encore, une demi-heure avant que Nicolas Sarkozy ne prenne la parole dans l’hémicycle, Matignon disait ignorer l’existence de procédures en cours, non sans souligner que la mise en application de cette mesure ne relevait pas de ses compétences.

Ainsi les réactions ne se sont-elles pas fait attendre. Avocat et vice-président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), Me Stéphane Maugendre a estimé que Nicolas Sarkozy avait fait une annonce politique à l’Assemblée nationale qui ne correspond pas à la réalité des évènements puisque la majorité des jeunes impliqués sont français ». « La loi assure des protections. Nous nous engagerons à les faire appliquer à la lettre » a-t-il encore ajouté.

Un argument que le Conseil national des barreaux (CNB), organisation qui représente l’ensemble des avocats de France, avait déjà fait valoir la semaine dernière, en soulignant que « la plupart des jeunes ayant participé aux émeutes sont inexpulsables».

Nicolas Sarkozy veut expulser les étrangers impliqués dans les violences urbaines

index,  Laetitia Van Eeckhout,  11/11/2005

Selon le ministère de l’intérieur, cette mesure ne signifie pas le retour de la double peine puisque des étrangers pourront être renvoyés même sans condamnation.

Le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, a adressé, mercredi 9 novembre, dans la soirée, un télégramme aux préfets pour leur demander d’expulser tous les étrangers interpellés dans le cadre des violences urbaines des treize derniers jours, même ceux titulaires d’un titre de séjour. « Quand on a l’honneur d’avoir un titre de séjour, le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’a pas à se faire arrêter en train de provoquer des violences urbaines ! », a-t-il lancé aux députés lors des questions d’actualité à l’Assemblée nationale en leur annonçant vouloir expulser les étrangers fauteurs de troubles.

Sur les 1 800 personnes  interpellées depuis le 27 octobre, 120 jeunes étrangers, dont la majorité sont en situation régulière sont directement concernés. Si l’administration peut reconduire à la frontière les personnes en situation irrégulière, elle peut aussi « engager une procédure d’expulsion sur la base d ‘arrêtés préfectoraux ou ministériels en fonction de la gravité de la menace représentée par le comportement des ressortissants étrangers », comme le rappelle le télégramme adressé par le ministre de l’intérieur aux préfets, mercredi soir.

Les associations des droits de l’hom­me ont aussitôt réagi et dénoncé unani­mement un retour de la double peine. Au-delà de l’illégalité manifeste de cette démarche, M. Sarkozy continue à s’en prendre aux étrangers et à en faire des boucs émissaires. Il avoue que, loin d’être abolie, la double peine est toujours d’actualité , dénoncent dans un communiqué commun une vingtaine d’organisations associatives et syndicales, auxquelles se sont joints le Parti communiste français, les Verts et la ligue communiste révolu­tionnaire (LCR).

Mais Place Beauvau, on ne cesse depuis hier soir de marteler le message : « On ne revient pas sur la double peine. »

Ce qu’on appelle communément « double peine », c’est l’expulsion d’un étranger condamné par les tribunaux. Or là, dans l’entourage du ministre, on assure qu’il s’agit d’une expulsion sim­ple ». Le ministère ne s’interdit ainsi pas d’expulser des personnes sans qu’elles aient été condamnées.

En fait, après avoir parlé devant les députés de personnes « condamnées », c’est-à-dire jugées par la justice, le ministre de l’intérieur semble avoir ajus­té son discours et dans la soirée on ne parlait plus que d’« interpellés », place Beauvau.

Reste que si dans le cas d’une « mena­ce grave à l’ordre public », la loi autorise le préfet ou le ministre de l’intérieur lui-même à prononcer un arrêté d’expul­sion. l’application de cette mesure est juridiquement et politiquement délica­te.

En 1994, Charles Pasqua qui était ministre de l’intérieur à l’époque, s’est heurté à la difficulté. Au lendemain des grandes manifestations contre le contrat d’insertion professionnelle (CIP), il avait renvoyé « en urgence absolue » deux manifestants algériens soupçonnés d’avoir jeté des pier­res sur des policiers à Lyon.

Mais le tribunal adminis­tratif, puis le Conseil d’État l’avaient désavoué. Et les deux Algériens renvoyés dans leur pays étaient reve­nus en France.

Depuis 1994, l’exercice est encore plus délicat. Dans sa loi du 26 novembre 2003 sur l’immigration, Nicolas Sarkozy a prévu des protec­tions particulières, contre ce type d’expulsion, pour certai­nes catégories de personnes. Ainsi notamment, les jeunes arrivés en France avant l’âge de treize ans ou ceux ayant des attaches familiales fortes bénéfi­cient d’une protection très élevée qui tend désormais quasiment impossible leur expulsion.

« Elle n’est cependant pas absolue », souligne-t-on dans l’entourage du minis­tre où l’on rappelle que la loi prévoit que cette protection peut être remise en cause par un comportement «consti­tuant des actes de provocation explicite et ‘délibérée (…) à la violence contre une per­sonne déterminée ou un groupe de personnes ». « Il s’agira d’apprécier, au cas pas cas, la gravité de l’atteinte à l’ordre publique. C’est une question d’appréciation juridique des faits », explique-t-on au cabinet du ministre.

« Le ministre de l’inté­rieur joue sur l’effet d’annonce. Nicolas Sarkozy va prendre des arrêtés d’expulsion pour montrer sa fermeté, et puis il verra si dans quelques mois les tribunaux administratifs jugent injustifiés ces mesu­res », dénonce Stéphane Maugendre, vice président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti).

Mercredi 9 novembre, le député UMP Jean-Paul Garaud a annoncé qu’il allait déposer une proposition de loi don­nant aux tribunaux la possibilité de « déchoir de la nationalité française » les étrangers naturalisés « qui participent à la guérilla urbaine ». Selon l’élu, les fau­teurs de troubles cherchent à « détruire la nation française » et expriment « leur rejet de la France ».

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Sarkozy veut expulser les étrangers

logo-liberation-311x113 , Charlotte Rotman

Le ministère peut reconduire à la frontière les irréguliers. C’est même l’une de ses missions. Mais comment faire avec les étrangers protégés par la loi Sarkozy de 2003 en raison de l’ancienneté de leur présence en France ou de leurs liens familiaux ? L’une des modalités juridiques envisagées est de faire sauter cette protection, remise en cause par un comportement «constituant des actes de provocation explicite et délibérée (…) à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes». En langage clair, ces protections ne valent que si «le comportement ne dépasse pas le plafond». Et les «meneurs d’émeute peuvent se retrouver dans ce champ». Place Beauvau, on martèle le message : «On ne revient pas sur la double peine.» Et pourtant… la porte est désormais ouverte. «Sarkozy ne va pas s’encombrer de ses déclarations passées, il va piocher dans les notions qui l’arrangent, sans que cela colle à la réalité du texte», réagit Stéphane Maugendre, du Gisti (1).

Hier dans la soirée, le député UMP Jean-Paul Garraud a annoncé qu’il allait déposer une proposition de loi donnant aux tribunaux la possibilité de «déchoir de la nationalité française» les étrangers naturalisés «qui participent à la guérilla urbaine». Selon l’élu, ils cherchent «à détruire la nation française» et expriment «leur rejet de la France».

(1) Groupe d’information et de soutien des immigrés.

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