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La marine française mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

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photo_1334162458241-1-0-512x296Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d’établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la marine française d’avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.

Quatre survivants de ce périple cauchemardesque devraient déposer vendredi une plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à cette initiative.

« La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée », indique ce projet de plainte, que l’AFP a pu consulter. « L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers. « 

Une accusation que rejette catégoriquement le ministère de la Défense, la qualifiant de « totalement infondée » sur la foi notamment d’un rapport du Conseil de l’Europe publié fin mars.

« Celui-ci ne met à aucun moment en cause la France. Et, comme l’a écrit le ministre Gérard Longuet à son auteur (la sénatrice néerlandaise Tineke Strik, ndlr), aucun bâtiment français n’opérait à ce moment-là dans la zone concernée », a déclaré à l’AFP le porte-parole Gérard Gachet.

Le 26 mars 2011, quelques jours après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique, dans l’espoir d’atteindre dans les 24 heures les côtes européennes.

A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à être rejeté sur les côtes libyennes par une tempête le 10 avril. Seuls neuf personnes ont survécu.

Pendant les deux semaines de cette épreuve, affirme la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de guerre.

Le 3 ou le 4 avril, selon la plainte, un grand navire de couleur gris-clair portant deux hélicoptères s’approcha à quelques dizaines de mètres des migrants qui, en vain, appelèrent à l’aide en montrant les dépouilles des bébés.

Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier-général de l’Otan à Naples.

« Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission », peut-on lire dans la plainte.

« Quel que soit le lieu où se trouvaient les bateaux, ou les avions ou les sous-marins français qui avaient connaissance de cet appel de détresse, le fait de ne pas avoir dévié sa route pour aller porter secours à ces personnes-là, c’est une non assistance à personne en danger », a déclaré à la presse Me Maugendre.

Cette plainte vise la France mais d’autres pays sont susceptibles d’être concernés, a indiqué le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Patrick Baudouin: « On se réserve d’agir (. . . ) dans d’autres pays européens ».

La coalition d’ONG appuyant la plainte a notamment tenté d’identifier les pavillons des bateaux et hélicoptères ayant croisé la route des naufragés, sachant que, selon elle, les armées française, américaine, espagnole, canadienne, britannique et italienne étaient sur zone.

La FIDH affirme avoir envoyé des courriers à ces Etats et à l’Otan, sans obtenir jusque-là de « réponses suffisantes ».

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La Marine française mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

logo_72dpi2_400x400 11/04/2012

Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d'établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la marine française d'avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.
Mauro Seminara afp.com
© 2012 AFP

Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d’établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la Marine française d’avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.

Quatre survivants de ce périple cauchemardesque devraient déposer vendredi une plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à l’initiative.

« La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée », indique ce projet de plainte, que l’AFP a pu consulter. « L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers. »

Une accusation que rejette catégoriquement le ministre de la Défense, Gérard Longuet, sur la foi notamment d’un rapport du Conseil de l’Europe publié fin mars.

Le document, a souligné mercredi soir le ministre dans un communiqué, « ne mentionne, à aucun moment, une quelconque responsabilité de la France dans ce tragique événement ».

« Rien, aujourd’hui, ne permet à ces ONG d’accuser l’armée française de non secours aux migrants naufragés », a-t-il ajouté.

Le 26 mars 2011, peu après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique dans l’espoir d’atteindre dans les 24 heures les côtes européennes.

A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à son échouement sur les côtes libyennes à la suite d’une tempête le 10 avril. Seules neuf personnes ont survécu.

Pendant les deux semaines de cette épreuve, affirme la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de plusieurs marines.

Le 3 ou le 4 avril, selon la plainte, un grand navire de couleur gris-clair portant deux hélicoptères s’approcha à quelques dizaines de mètres des migrants qui, en vain, appelèrent à l’aide en montrant les corps des bébés.

Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier général de l’Otan à Naples (Italie).

« Il semble bien plus probable que les dits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission », peut-on lire dans la plainte.

« Quel que soit le lieu où se trouvaient les bateaux, ou les avions ou les sous-marins français qui avaient connaissance de cet appel de détresse, le fait de ne pas avoir dévié sa route pour aller porter secours à ces personnes-là, c’est une non assistance à personne en danger », a déclaré à la presse Me Maugendre.

Dans son communiqué, M. Longuet précise « qu’aucun bâtiment de guerre français n’a croisé un canot en détresse ni n’était dans la zone considérée aux dates indiquées par le rapport ».

« Un avion de patrouille maritime français a bien pris, plusieurs heures avant l’appel de détresse, une photo, transmise aux autorités compétentes, mais cette embarcation roulait à vive allure et ne présentait aucun signe de détresse », a-t-il ajouté.

La plainte visera la France mais d’autres pays sont susceptibles d’être concernés, a dit le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Patrick Baudouin: « On se réserve d’agir (…) dans d’autres pays européens ».

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La marine nationale mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

images 2 source AFP, 11/04/2012

Un navire de guerre français (photo d'illustration).
Un navire de guerre français (photo d’illustration).©ECPAD / Marine nationale
« L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril » pesant sur les 70 personnes alors en détresse, selon l’avocat.

La France mise en cause après la mort de migrants

11/04/2012

En mars 2011, en plein soulèvement libyen, des milliers de migrants fuient le pays vers l’intérieur du continent, ou par la mer. Le 27 mars, 72 personnes dont des femmes et des enfants quittent Tripoli à bord d’une embarcation de fortune. Après deux semaines en mer et malgré les appels de détresse, ils seront rejetés par les vagues sur les côtes libyennes. 63 d’entre eux sont morts dans cette tentative désespérée de rejoindre l’Europe. Un an après le drame, quatre survivants ont décidé de porter plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger.

Deux semaines de cauchemard

 Ils s’appellent Elias Mohamad KADI, Kebede ASFAW DADHI, Mohamad Ahmad IBRAHIM et Abu KURKE KABETO. Tous les quatre sont Ethiopiens et rescapés du périple  cauchemardesque d’avril dernier. Ils ont porté plainte à Paris car ils sont persuadés que des avions et navires militaires, présents au large des côtes libyennes, auraient pu leur venir en aide alors qu’ils dérivaient au milieu de la Méditerranée sans eau ni nourriture.

A l’époque, au début de l’année 2011, la Lybie est en guerre. Sur place, des rumeurs indiquent que le colonel Kadhafi recrute des mercenaires subsahariens pour tuer les insurgés libyens. Craignant pour leurs vies, des milliers de travailleurs noirs quittent le pays. C’est le cas de 72 migrants Ethiopiens, Nigériens, Soudanais et Ghanéens qui décident, dans la nuit 26 au 27 mars, de rallier l’île italienne de Lampedusa, à bord d’une embarcation de fortune. Pendant les premières heures du voyage, le bateau fonce vers le large. Il est même pris en photo par un avion de reconnaissance français. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme dit s’être procuré le cliché.

A la moitié du parcours, le bateau n’a plus de carburant. Les naufragés utilisent alors un téléphone satellitaire pour contacter un prêtre Erythréen basé à Rome. Celui-ci fait parvenir le message aux autorités italiennes avec les coordonnés GPS de l’embarcation. Dans la soirée du 27 mars, les gardes-côtes italiens diffusent un message à tous les navires se trouvant dans la zone pour leur demander de porter secours aux migrants.

 Tous les bateaux transitant dans cette zone sont priés d’être vigilants et d’informer en urgence les garde-côtes de Rome de toute observations

 Le message est également transmis aux autorités maltaises et au quartier général de l’OTAN à Naples.

Dans cette même soirée, un hélicoptère aurait survolé l’embarcation, avant de s’en aller. Les migrants pensaient être secourus rapidement, mais rien n’a suivi. Des bateaux de pêches croisés un peu plus tard auraient également refusé de les secourir. Toujours dans la nuit, un hélicoptère (le même ?) aurait largué des bouteilles d’eau et des biscuits aux migrants présents sur le bateau.

Le lendemain matin, les gardes-côtes italiens diffusent un deuxième message à tous les bateaux en Méditerranée. Il sera répété toutes les quatre heures pendant deux semaines.

Après une demi-dizaine de jours en mer, les premiers migrants meurent. Plus de la moitié des occupants sont morts au bout de dix jours au milieu de la Méditerranée.

Pourtant, selon les témoignages des survivants, ils ont bien croisé un autre navire, militaire. Il est question d’un grand bâtiment « gris-clair, portant deux hélicoptères  et dont certaines personnes à bord portaient des uniformes ».

Le navire aurait fait plusieurs fois le tour de l’embarcation des migrants, s’approchant à « quelques dizaines de mètres ». Mais l’équipage se serait contenté de faire des photos avant de s’éloigner.

En tout, le périple des naufragés a duré 15 jours. Une tempête rejettera finalement le bateau à son point de départ : la Libye. Près de Zliten. Bilan : 63 morts et neuf survivants, incarcérés par les libyens.

Le témoignage d’un des survivants, Dan Heile Gebre

Des questions sur le rôle de la France et de l’OTAN

 La plainte en France vise sans la citer la Marine Nationale et les navires présents sur zone à l’époque. Ainsi, dans la plainte, l’avocat des naufragés écrit :

 Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission

Katherine Booth, responsable du bureau des droits des migrants à la FIDH

 Fin mars un rapport parlementaire du Conseil de l’Europe estime qu’il y a dans cette affaire une responsabilité collective.

Pour sa part, le France récuse les accusations concernant l’armée. Gérard Longuet, le ministre de la Défense, a même écrit à l’auteur du rapport pour l’informer : « La France n’est pas mise en cause. Aucun bâtiment français  n’opérait à ce moment dans la zone concernée »

Le porte-parole du ministère de la Défense Gérard Gachet, au micro de Simon Tivolle

Lecture
 

 La France n’est pas le seul pays concerné. Le rapport de du Conseil de l’Europe évoque également le rôle de l’OTAN. Plusieurs ONG travaillent donc pour rassembler des preuves de la présence sur place de bâtiments militaires de l’Alliance.C’est ce qu’avance le Groupe d’information et de soutien aux immigrés, association solidaire de la plainte :

Stéphane Maugendre Président du GISTI

 A termes, d’autres pays devraient être concernés par des plaintes : l’Espagne, l’Italie ou encore la Grande Bretagne.

La totalité du témoignage du survivant Dan Heile Gebre (en anglais) :

Une plainte de réfugiés qui dérange la Marine

logo-liberation-311x113 Thomas Hofnung, 11/04/2012

Naufrage. En mars 2011, un bateau fuyant la Libye n’a reçu aucun secours des navires présents sur zone.
AFP
AFP

Au moins 38 témoins, et pas une main secourable. Comme dans le récent film de Lucas Belvaux, mais cette fois en mer Méditerranée, une tragédie a eu lieu, il y a un an, sans que personne ne réagisse. Et sans que personne, aujourd’hui encore, n’assume ses responsabilités. Hier, à Paris, quatre ressortissants éthiopiens, soutenus par plusieurs ONG (la FIDH et le Gisti notamment), ont porté plainte contre X pour non-assistance à personne en danger. Ils mettent en cause la passivité, entre autres, de l’armée française, soupçonnée d’avoir eu connaissance du drame qui se jouait en mer pour des dizaines de clandestins sans être intervenue. Une accusation rejetée par le ministère français de la Défense qui parle de «gesticulation».

Dérive. Tout commence dans la nuit du 26 au 27 mars 2011. Cela fait une semaine que les Occidentaux ont lancé leur campagne de raids contre les forces du «Guide» libyen. Un canot pneumatique quitte le port de Tripoli avec à son bord 72 personnes – des migrants issus d’Afrique subsaharienne qui fuient les violences dans une Libye où ils sont assimilés à des auxiliaires du régime. Leur objectif : rallier l’île italienne de Lampedusa. Mais, rapidement à court de carburant, ils perdent le contrôle de l’embarcation. Leur dérive va durer quatorze jours. Privés de nourriture et d’eau, les passagers – dont deux bébés et plusieurs femmes – vont mourir les uns après les autres. Quand le 10 avril, par une tragique ironie de l’histoire, le bateau est rejeté par la tempête sur la plage libyenne de Zliten, seules onze personnes ont survécu. Deux d’entre elles décèdent peu après. Or, cette atroce odyssée s’est déroulée à l’ombre d’une armada de navires : ceux de l’Otan, qui surveillaient étroitement le Golfe de Syrte pour empêcher tout ravitaillement en armes de Kadhafi.

Dès le 24 mars, 38 bateaux de diverses nationalités étaient mobilisés pour mener à bien cette opération. Au début de la traversée du canot pneumatique, un avion – français semble-t-il – survole l’embarcation et prend une photo, transmise aux garde-côtes italiens. «Nous avons effectivement le cliché d’un Zodiac lancé à pleine vitesse, absolument pas en détresse, dit-on à Paris. Mais nous avons dénombré une quarantaine de personnes à bord. S’agit-il du même bateau ?»

Les passagers sont ensuite parvenus à prévenir par téléphone satellitaire un prêtre érythréen à Rome, qui alerte à son tour les garde-côtes, puis l’Otan. Personne ne bouge. Plus tard, un hélicoptère portant l’inscription «Army», selon les rescapés, distribue de l’eau et de la nourriture aux réfugiés. Puis plus rien. Les ONG indiquent qu’aucun gouvernement, pas plus que l’Otan, n’a donné d’information précise sur les positions de leurs navires.

Défaillance. Paris, qui assure que ses navires ne croisaient pas dans la zone où le bateau a dérivé, rappelle qu’«il existe par ailleurs des services maritimes spécialement dédiés au sauvetage en mer». Ni les garde-côtes italiens ni leurs homologues maltais, a priori les plus proches de la zone, ne se sont portés au secours de l’embarcation. Il y a quelques semaines, une enquête menée par des parlementaires du Conseil de l’Europe pointait cette défaillance collective. Sans parvenir à conclure sur l’identité des responsables.

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Migrant boat tragedy: UK crew may have seen doomed vessel

La marine nationale mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

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« L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril » pesant sur les 70 personnes alors en détresse, selon l’avocat.

La marine française a ignoré en 2011 les appels de détresse de migrants fuyant la Libye en guerre à bord d’une embarcation de fortune, ont accusé, mercredi, des ONG, qui demandent à la justice française de déterminer les responsabilités dans ce drame ayant fait 63 morts. Quatre des neuf survivants de ce périple cauchemardesque devraient dans les prochains jours porter plainte contre X à Paris pour non-assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à cette initiative.

« La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée », indique ce projet de plainte. « L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers. » Le 26 mars 2011, quelques jours après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique d’une dizaine de mètres de long, dans l’espoir d’atteindre dix-huit à vingt-quatre heures plus tard les côtes européennes. À court de carburant le 28 au matin, le bateau avait alors dérivé jusqu’à être rejeté sur les côtes libyennes par une tempête, le 10 avril. Seules neuf personnes avaient survécu.

Or, pendant les seize jours de ce cauchemar, indique la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone du sud de la Méditerranée où naviguaient des dizaines de bâtiments de guerre engagés contre le régime libyen. Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne, qui alerta les gardes-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier général de l’Otan à Naples. « Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission », peut-on lire dans la plainte.

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Une plainte vise l’armée française après la mort de migrants

index capital Marine Pennetier, avec Elizabeth Pineau 11/04/2012

Plusieurs rescapés du naufrage d’un bateau qui avait causé la mort de 63 migrants en 2011 au large de la Libye ont déposé plainte contre X mercredi pour « non assistance à personne en danger », mettant explicitement en cause l’armée française.

La plainte a été déposée auprès du Tribunal de grande instance de Paris au nom de quatre survivants, soutenus par une coalition d’ONG, dont la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti).

Ce dépôt de plainte survient deux semaines après la publication d’un rapport de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) qui pointe la responsabilité de l’Italie et de l’Otan dans la mort de ces réfugiés.

Le 27 mars 2011, quelques jours après le début de l’intervention militaire internationale en Libye, 72 migrants d’origine africaine montent à bord d’une fragile embarcation dans l’espoir de rallier les côtes italiennes.

La situation se détériore rapidement à bord du zodiac qui dérive plusieurs jours avant d’être finalement rejeté sur les côtes libyennes le 10 avril. Au total, 63 personnes sont mortes, dont 20 femmes et 3 enfants, dans une zone largement surveillée et patrouillée par les membres de l’Otan participant à l’opération en Libye.

« Alors que beaucoup de navires ou d’hélicoptères des troupes de l’Otan patrouillaient à proximité, personne n’est venu au secours de ces gens qui sont décédés dans des circonstances particulièrement atroces », a indiqué Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, lors d’une conférence de presse à Paris.

« Ces personnes pouvaient aisément être sauvées. Il y avait un hélicoptère qui a survolé le bateau et qui a même fourni quelques litres d’eau et quelques aliments et cet hélicoptère est parti comme si de rien n’était. C’est tout à fait inadmissible, la justice est là pour essayer de déterminer qui sont les responsables. »

SIGNAUX DE DÉTRESSE

Quelques heures après avoir quitté Tripoli, l’embarcation est survolée par un avion de patrouille français qui prend une photographie du zodiac et le signale aux gardes côtes italiens.

Selon le récit des survivants, l’embarcation est survolée à deux reprises par des hélicoptères dont l’un larguera plusieurs bouteilles d’eau et des biscuits. Les appels de détresse ont été renouvelés toutes les quatre heures pendant dix jours, souligne la FIDH.

« Dès lors qu’il y a eu des signaux de détresse qui ont été donnés, réceptionnés et ça nous en avons la preuve, par des navires qui étaient à proximité, nous attendions de ces navires qu’ils viennent en aide à cette embarcation », indique Patrick Baudouin, qui fait état de 38 navires patrouillant dans la zone en raison du conflit libyen.

« Pour la France, nous avons deux bateaux qui se trouvaient à proximité, c’est la raison pour laquelle une plainte est déposée aujourd’hui en France ».

Cette plainte, qui vise principalement les militaires français, pourrait être suivie par d’autres en Espagne, en Italie ou en Grande- Bretagne, souligne-t-on à la FIDH.

« La France n’a ni plus ni moins de responsabilités que les autres pays qui faisaient partie de l’Otan et qui sont intervenus en Méditerranée », selon Patrick Baudouin.

En mai 2011, l’état major français avait démenti l’implication d’un navire français dans cette affaire.

« Le (porte-avions) Charles-de-Gaulle n’a jamais été en contact avec ce type d’embarcation, ni aucun autre bâtiment français, compte tenu de sa position », avait dit à Reuters Thierry Burkhard, porte-parole de l’état-major des armées.

« Le Charles-de-Gaulle ne s’est jamais trouvé à moins de 200 km de Tripoli alors qu’ils annoncent ce bateau à 60 miles nautiques, soit 110 km de Tripoli. »

Selon l’Organisation internationale pour les migrations, près de 346.000 étrangers avaient fui la Libye fin mars 2011.

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Libye : plainte contre l’armée française

Des ONG dénoncent la non assistance aux 72 naufragés libyens en Méditerranée il y a un an.

C’est un vent de colère qui souffle du côté de la Fédération internationale des droits de l’Homme. Mercredi en marge d’une conférence de presse, plusieurs rescapés, soutenus par des ONG, ont porté plainte contre X pour non assistance à personne en danger après la mort de 63 migrants naufragés au large de la Libye, il y a un an. Cette action vise explicitement l’armée française.

Des SOS sans réponse

La plainte a été déposée auprès du Tribunal de grande instance de Paris au nom de quatre survivants, soutenus par une coalition d’ONG, dont la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti).

Ce dépôt de plainte survient deux semaines après la publication d’un rapport de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) qui pointe la responsabilité de l’Italie et de l’Otan dans la mort de ces réfugiés. « Plusieurs opportunités pour sauver des vies à bord de l’embarcation ont été perdues » pouvait-on lire, notamment.

En mars 2011, 72 migrants, tous d’origine africaine, tentaient de rallier les côtes italiennes pour fuir le régime libyen, à bord d’une embarcation d’à peine sept mètres de long. La situation s’est rapidement détériorée et le zodiac a dérivé plusieurs jours avant d’être finalement rejeté sur les côtes libyennes le 10 avril. Au total, 63 migrants sont morts. Et pour cause, leurs signaux de détresse sont restés sans réponse. Les survivants ont raconté avoir aperçu à plusieurs reprises des bateaux militaires, mais ces derniers ne seraient pas intervenus pour leur porter secours. Seul un hélicoptère militaire non identifié se serait approché pour leur donner quelques biscuits et un peu d’eau mais il ne serait jamais revenu.

« On a laissé mourir plus de 60 personnes »

« Nous pensons que l’armée française connaissait la présence de ce bateau, d’autant plus qu’il a été photographié, très certainement par un avion français », accuse Stéphane Maugendre, le président du groupe d’information et de soutien aux immigrés, au micro d’Europe 1. Pour lui, l’armée française est clairement responsable de la mort de ces naufragés.

« Plusieurs messages de détresse ont été diffusés sur la Méditerranée, ce qui est d’autant plus symbolique qu’il y avait des moyens techniques extraordinaires. Pourtant on a laissé mourir plus de 60 personnes », poursuit-il. Les associations expliquent en effet que les bateaux militaires, en pleine intervention en Libye en mai dernier, auraient pu et auraient dû intervenir. Elles espèrent recevoir de l’Otan des informations concernant le positionnement exact des bateaux à l’époque.

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La marine française mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

11/04/2012

Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d’établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la marine française d’avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.

Quatre survivants de ce périple cauchemardesque devraient déposer vendredi une plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à cette initiative.

« La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée« , indique ce projet de plainte, que l’AFP a pu consulter. « L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers.« 

Une accusation que rejette catégoriquement le ministère de la Défense, la qualifiant de « totalement infondée » sur la foi notamment d’un rapport du Conseil de l’Europe publié fin mars.

« Celui-ci ne met à aucun moment en cause la France. Et, comme l’a écrit le ministre Gérard Longuet à son auteur (la sénatrice néerlandaise Tineke Strik, ndlr), aucun bâtiment français n’opérait à ce moment-là dans la zone concernée« , a déclaré à l’AFP le porte-parole Gérard Gachet.

Le 26 mars 2011, quelques jours après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique, dans l’espoir d’atteindre dans les 24 heures les côtes européennes.

A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à être rejeté sur les côtes libyennes par une tempête le 10 avril. Seuls neuf personnes ont survécu.

Pendant les deux semaines de cette épreuve, affirme la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de guerre.

Le 3 ou le 4 avril, selon la plainte, un grand navire de couleur gris-clair portant deux hélicoptères s’approcha à quelques dizaines de mètres des migrants qui, en vain, appelèrent à l’aide en montrant les dépouilles des bébés.

Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier-général de l’Otan à Naples.

« Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission« , peut-on lire dans la plainte.

« Quel que soit le lieu où se trouvaient les bateaux, ou les avions ou les sous-marins français qui avaient connaissance de cet appel de détresse, le fait de ne pas avoir dévié sa route pour aller porter secours à ces personnes-là, c’est une non assistance à personne en danger« , a déclaré à la presse Me Maugendre.

Cette plainte vise la France mais d’autres pays sont susceptibles d’être concernés, a indiqué le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Patrick Baudouin: « On se réserve d’agir (…) dans d’autres pays européens« .

La coalition d’ONG appuyant la plainte a notamment tenté d’identifier les pavillons des bateaux et hélicoptères ayant croisé la route des naufragés, sachant que, selon elle, les armées française, américaine, espagnole, canadienne, britannique et italienne étaient sur zone.

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