MARC PETAUX, 42 ans, a été acquitté cette nuit par les douze jurés et les trois magistrats professionnels composant la cour d’assises d’appel de Créteil (Val¬de Marne). Son coaccusé, Aziz Oulamara, 40 ans, a été condamné, lui, à vingt de réclusion criminelle, reconnu coupable du meurtre de Catherine Choukroun, la première policière tuée dans la nuit du 19 au 20 février 1991 à Paris, sur une bretelle d’accès du périphérique.
Le jury n’a ainsi pas suivi les réquisitions de l’avocat général Pierre Kramer, qui avait demandé une peine de vingt ans à l’encontre des deux hommes, des anciens videurs de la rue Saint-Denis. Le représentant du ministère public avait fait part de sa « certitude » concernant la culpabilité d’Oulamara et de sa « quasi-certitude » quant à celle de Petaux, reprenant ainsi l’expression de Philippe Bilger. l’avocat général de la cour d’assises de Paris, qui avait obtenu le 15 septembre dernier en première instance la condamnation des deux hommes à vingt années de réclusion criminelle lors de ce premier procès. Nathalie Delhomme une ex¬prostituée, avait été acquittée. Marc Petaux doit probablement cet acquittement au bénéfice du doute et à la faiblesse de l’accusation à son égard. Pendant les cinq jours d’audience à Créteil menés fermement par le président Getti, ses deux avocats, Me Sophie Obadia et Hervé Témime, n’ont eu de cesse de démonter point par point la fragilité des charges qui pesaient contre lui. Ils ont réussi à fragiliser le principal témoin à charge, Serge Schoeller, un escroc multirécidiviste, qui aurait vu le soir des faits Oulamara, Delhomme et Petaux quitter la rué Saint-Denis et revenir dans la nuit, à Saint-Ouen. les deux hommes, énervés. Ses propos, émaillés de nombreuses contradictions, avaient été largement rendus suspects à l’audience. La seconde charge contre Petaux résidait dans les aveux d’Oulamara — rétractés ensuite — qui l’accusaient d’avoir fait le coup avec lui et d’être le tireur. Le procès a. en fait permis d’imaginer qu’Oulamara accusait Petaux par rancune à son égard, peut-être aussi pour camoufler le fait qu’il était lui. le tireur. Enfin. Petaux a certainement bénéficié du témoignage de Nathalie Delhomme, venue dire qu’elle était à l’arrière dans la voiture ce soir-là et que Petaux n’y était pas.
Ce dossier, extrêmement complexe, parasité par les rumeurs et ragots de la rue Saint-Denis, a été desservi par une enquête tronquée et rial réellement commencé que six ans après les faits lorsqu’un « tuyau » est arrivé à la brigade criminelle. La résolution de cette affaire judiciaire, après deux procès et deux acquittements reste toujours insatisfaisante-pour l’esprit tant les faits commis ce soir-là demeurent en partie mystérieux.