L’auteur des coups de couteaux revendique le meurtre de Bienvenue Makolo.
Ses yeux sombres balaient la salle d’audience de la cour d’assises de Bobigny d’un regard glacial, implacable : « Je dis que c’est moi, c’est tout à fait moi. » Du box des accusés, Fabrice Ozier Lafontaine, jeune martiniquais de 29 ans; les traits fins, d’imposante stature, revendique avec fermeté le meurtre de Bienvenu Mokolo, sans-papier zaïrois devenu vigile dans un centre commercial de Rosny-sous-Bois, un soir de juillet 1998.
« Il faisait beau. C’était l’ambiance Coupe du Monde, la France menait», se souvient l’accusé. Bref, une belle journée : Fabrice Ozier Lafontaine, son jeune frère, Jérémie, et une poignée de copains décident de se rendre au centre commercial. « Pour manger», précise Jérémie. En route, ils achètent des bières, du rhum, boivent le tout et arrivent particulièrement éméchés dans la galerie marchande. « C’est vrai, on était chaud », admettent à la barre les jeunes gens présents le jour du drame. Tellement « chaud » que rapidement une bagarre éclate entre les vigiles et la bande.
Carte d’identité
Tout va très vite. Les agents de sécurité tentent de maîtriser les perturbateurs. Dans la confusion, Bienvenue Mokolo reçoit deux coups de couteau, le premier au front, le second, fatal, à la gorge. Il décède deux jours plus tard à l’hôpital. « J’ai mal », avoue-t-il à sa sœur dans un ultime soupir. Bienvenue, sans-papier zaïrois au parcours sans faux-pas, prêt à tout pour s’insérer dans la société française, meurt sous le nom de son frère, N’Kombe Mokolo, de nationalité française, à qui il avait emprunté sa carte d’identité pour obtenir cet emploi de vigile. Il gagnait sa vie, louait un appartement.
Souvenirs
« Quelqu’un de bien», confie son supérieur hiérarchique. Une procédure de régularisation était en cours, un dossier déposé à la préfecture. Trop tard. Bienvenue n’aura jamais de papiers français. Son meurtrier présumé, Fabrice Ozier Lafontaine, affirme avoir voulu se défendre : « Il m’étouffait. Je voulais me libérer. » Il y parvient, à l’aide d’un couteau, qu’il garde en permanence dans sa poche. Un témoin de la scène vient à la barre : « C’est le petit frère (Jérémie) qui a porté les coups, c’est pas lui. » Un doute parcourt la salle d’audience. Un policier, présent sur les lieux du drame, se rappelle de cette phrase, lâché comme un cri par l’accusé, lors de son interpellation, quelques minutes après le drame : « relâchez mon frère, c’est moi l’auteur des coups de couteau ! ». Devant la cour d’assises, Ozier Lafontaine réitère ses propos. Il lui reste jusqu’à ce soir pour confirmer sa culpabilité.