17/10/2012
Une ordonnance de non-lieu a été rendue dans le dossier du retraité mort en 2009 deux jours après son interpellation, estimant qu’aucune charge ne pouvait être retenue contre les policiers et l’hôpital.
Boulevard Jeanne-d’Arc, dans le centre d’Argenteuil. Ce soir du 9 juin 2009, vers 20h30, Arezski Kerfali est interpellé au volant de sa voiture en état d’ivresse. Ali Ziri, son passager avant, est invité à descendre par les trois policiers. C’est le point de départ d’une affaire banale qui va basculer dans le drame.
Il y a des insultes, des coups portés contre les forces de l’ordre. Les deux hommes sont amenés au commissariat, les insultes continuent, les crachats aussi. Pendant le trajet, Ali Ziri, qui, selon les termes de l’ordonnance de non-lieu, tente de porter des coups au conducteur du véhicule de police est maintenu la tête contre le siège avant, « pour éviter de nouveaux coups et un accident ». C’est la technique du « pliage » que dénonce la famille d’Ali Ziri.
Ali Ziri, qui présente une alcoolémie de 2,42 g, est emmené à l’hôpital à 22 heures. Arrivé à 22h13, il sera pris en charge quarante à quarante-cinq minutes plus tard, dans un contexte de surcharge des urgences, 10 à 12 personnes étant arrivées en même temps. Il devait décéder le 11 juin à 10 heures.
Finalement, pour la juge d’instruction, « l’information n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès de M. Ali Ziri ni aucune faute directe ou indirecte imputable à quiconque qui aurait involontairement causé sa mort ».
Une autopsie conclut qu’Ali Ziri, qui présentait une cardiopathie du ventricule droit, est mort des suites d’un arrêt cardiaque après une suffocation occasionnée par plusieurs facteurs : appui postérieur dorsal, de la face et vomissement. Mais pour l’avocat des proches, Me Stéphane Maugendre, cette expertise a été écartée « trop facilement ». « Il ressort clairement des expertises que l’arrêt cardiaque est dû à un manque d’air, conséquence directe d’un maintien sur le dos et la face » souligne-t-il. Pour lui, en l’absence de signes de régurgitation dans les bronches, notée par un expert, c’est la manœuvre « de pliage » mise en œuvre dans la voiture de police qui est à l’origine de l’asphyxie, puis du décès. Elle a duré, estime-t-il, entre trois minutes trente-cinq secondes et cinq minutes.
« On est dans l’incompréhension la plus totale », soulignait hier l’avocat. Il a fait appel hier de l’ordonnance de non-lieu et ira plus loin si nécessaire. « J’irai jusqu’au bout, jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme s’il le faut. Il incombe à l’Etat de fournir une explication plausible à la mort d’un homme après son passage dans un commissariat. Et, là, je ne l’ai pas. »