AFP, Benjamin Massot, 19/09/2013
Deux cousins auteurs en août 2011 du rocambolesque hold-up d’une poste à Argenteuil (Val d’Oise), suivi d’une prise d’otages, ont été condamnés jeudi soir à 15 et 10 ans de réclusion par la Cour d’assises de Pontoise.
L’avocate générale avait requis 15 et 8 ans contre les accusés, poursuivis tout deux pour vol à main armée, séquestration ainsi qu’enlèvement pour le plus jeune des deux. Ils encouraient une peine de 30 ans.
« Je trouve la condamnation trop forte par rapport aux faits », a réagi leur défenseur Me Patrice Amiel quelques minutes après le verdict. « Je ne peux l’expliquer que par l’actualité liée aux braquages, on avait besoin d’exemplarité. Mes clients sont sous le choc », a-t-il ajouté. A l’énoncé du verdict, les deux coupables, âgés de 33 et 41 ans, ont baissé la tête.
L’avocat des parties civiles, Me Stéphane Maugendre, a estimé « que le verdict signifiait la fin d’un long processus (pour les deux kidnappés). Les braquages ne traumatisent pas seulement les victimes, mais aussi toute la profession de postiers. Une condamnation un peu exemplaire comme cela les rassure aussi ». Pieds nickelés tentant un impossible « braquo » ou malfaiteurs chevronnés ayant soigneusement élaboré leur casse ? Les deux jours d’audience ont opposé ces deux portraits des accusés, deux Ivoiriens au passé judiciaire fourni.
« Ils étaient déterminés et avaient prévu tous les détails », a relaté l’avocate générale Inès Gharbi, soulignant en particulier la froideur d’un des accusés qui s’est servi des deux agents de La Poste comme bouclier humain à l’arrivée des policiers, après avoir dérobé près de 68.000 euros dans trois coffres de l’agence. A l’issue d’une folle course poursuite sur l’autoroute et le périphérique, le malfaiteur n’avait pas hésité à lancer 12.000 euros en pleine rue à Paris pour semer la confusion, tout en menaçant policiers et otages, avant qu’une policière ne le neutralise d’un tir de flashball.
Durant le procès, le conseil des deux accusés avait plaidé que les armes de ses clients étaient factices ou à blanc. Il a argué que l’un de ses clients a dû se résoudre à ce hold-up pour rembourser une dette de 25.000 euros.
Une zone d’ombre subsiste: un complice, qui aurait fourni les armes et les plans de l’agence, resté en contact par téléphone avec les malfaiteurs lors du méfait, n’a jamais été trouvé.