Valérie Mahaut, 16/03/2016
Un festival de sornettes. Dans cette affaire portant sur 1,3 t de shit écoulé, le procès des trafiquants présumés de Clichy concentre l’essentiel des explications farfelues que donnent habituellement les dealers.
Jugés jusqu’à vendredi, les prévenus n’ont « rien à voir avec du trafic de stups et tout ça… » Parce qu’il y a erreur, font-ils valoir tour à tour à la barre : les kilos de résine dont il est question en langage codé sur les écoutes ne sont que des pantalons, ou alors des olives, parfois des voitures… Seuls huit des onze prévenus ont pris place devant le tribunal ce mercredi, les trois autres seront jugés en avril à la faveur d’une disjonction du dossier. Maintenant ou le mois prochain, « le grand absent » sera toujours Ymed, la tête du réseau, disparu des écran-radars de la police en juin 2013, après qu’il eut vent de l’intérêt que lui portaient les enquêteurs, sur ses traces depuis l’automne précédent.
Dans la brochette de prévenus, tous jugés libres, Ali dénote. Du haut de ses 76 printemps et fort de son expérience de dealer, comme l’atteste son casier, le vieux chibani résiste. Lui aussi sert des salades au tribunal et conteste avoir dit ce qui est enregistré lors de conversations avec Adama, 31 ans, à la fois gros client de la tête de réseau et vendeur indépendant. Au vieil Ali, à raison d’une dizaine de grammes par semaine, il vendait de la cocaïne, 30 € le gramme à crédit. Poudre que le papy fourguait « à des filles ».
« Sans bénéfice, assure l’intéressé. Et les filles, elles passaient la soirée à la maison. » Le tribunal peine à y croire et passe à cette conversation portant sur le prix au kilo, capté grâce au micro dans la Seat d’Adama. « Non, je ne connais pas Seat », élude le doyen des prévenus. Pas plus qu’il ne savait que son jeune ami faisait surtout dans le cannabis. Identifé dès le début de l’enquête, ce dernier a mené malgré lui à Ymed, lors d’un rendez-vous entre les deux hommes à Clichy, alors que la police était en planque.
Si les écoutes révèlent 1,3 t de marchandise négociée, seuls 270 kg ont été saisis. C’était en décembre 2013, dans un box de Gennevilliers dont sortait le frère d’Ymed. Sans balancer quiconque, lui seul a admis le trafic, qu’il estime entre 600 et 650 kg dans les six mois précédant son arrestation. Les « hommes de confiance » du boss seront interrogés ce jeudi.