AFP, 23/11/2009
Seuls 38% des Français revendiquent spontanément leur identité nationale, tandis que 45% évoquent avant tout une appartenance locale, comme la ville, le quartier ou la région, selon un sondage TNS-Sofres à paraître mardi dans le quotidien La Croix.
Invitées à dire quelle appartenance elles revendiquent « avant tout”, les personnes interrogées sont 38% â évoquer la nationalité Française.
Une majorité des autres sondés se définissent davantage à l’échelle d’un territoire: ils disent se sentir « avant tout’ habitant de leur ville à 21%, de leur quartier à 14%, de leur région à 6% et de leur département à 4%.
Un total de 11% dit se sentir « avant tout » « citoyen du monde » et 6% « Européen ».
Invités ensuite à donner trois réponses parmi ces choix, 68% des sondés disent avoir le sentiment d’être Français. Les autres (32%) ne placent pas la nationalité dans ces trois premiers sentiments.
Les sondés sont par ailleurs 41% à estimer que c’est le « milieu social » qui « rapproche le plus les gens entre eux », 34% « le lieu de résidence (même quartier ou même commune) » et 33% « la culture ».
La langue (27%), la nationalité (10%) et la religion (6%) viennent ensuite. L’âge recueille 28% des opinions.
Interrogés sur les éléments constitutifs de l’identité française les plus importants, les Français placent au premier rang les droits de l’Homme (96%, dont 71% pour qui ils sont « très importants” et 25% « plutôt importants »), devant la langue française (95%), le système de protection sociale (94%) et « la culture, le patrimoine » (92%).
Viennent ensuite la laïcité (80%), « la capacité d’intégration des diversités culturelles et ethniques » (81%) et « l’héritage chrétien » (41%)
Sondage réalisé selon la méthode des quotas les 17 et 18 novembre auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population âgée d’au moins 18 ans, interrogées en face-à- face à leur domicile.
Par ailleurs, une vingtaine de personnalités, dont le président de la Ligue des droits de l’Homme Jean-Pierre Dubois ou l’écrivain Marte NDiaye, Prix Concourt 2009, appellent dans une tribune que publie Le Monde à refuser le débat sur l’identité nationale, « posé en termes xénophobes », selon elles.
Evoquant la circulaire envoyée aux préfets par le ministre de l’Immigration, Eric Besson, qui a ouvert le débat le 2 novembre, ces personnalités dont plusieurs sociologues et juristes, estiment qu!,!on y découvre une liste de préjugés et de fausses évidences définissant par avance l’identité nationale alors que l’on prétend la mettre en débat », avec un thème central « l’étranger ».
« Refusons un débat posé en termes xénophobes », déclarent les signataires de l’appel au boycottage du débat, affirmant découvrir dans cette circulaire « tous les poncifs du discours xénophobe », condensés selon eux dans ia question suivante: « Comment éviter l’arrivée sur notre territoire d’étrangers en situation irrégulière, aux conditions de vie précaires génératrices de désordres divers (travail clandestin, délinquance) et entretenant dans une partie de la population la suspicion vis-à-vis de l’ensemble des étrangers? »
« Cette précarité serait forcément source de délinquance. C’est le vieux thème d’extrême droite, étranger = délinquance, dissimulé sous le masque de l’apitoiement sur la pauvreté », affirment les signataires
« Décidément les dès sont pipés, poursuivent-ils. H s’agit d’une manipulation et nous appelons nos concitoyens à contester ces procédés politiciens rétrogrades qui menacent davantage qu’ils ne servent la cohésion sociale en réactualisant le bon vieux manichéisme opposant deux entités mythiques: ia communauté nationale et les corps étrangers qui la menaceraient ».
Parmi les signataires de l’appel, figurent encore Stéphane Maugendre, président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), les sociologues Laurent Mucchielli, François Dubet, Marwan Mohammed, Véronique Le Goaziou, Claire Lévy-Vroeland, ou encore l’éditeur François Geze.