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Qui sera habilité à intervenir auprès des étrangers en rétention? Jusqu’à présent, seule la Cimade l’était. «Nous assumons cette tâche depuis 25 ans et nous souhaitons continuer à le faire», explique Damien Nantes de la Cimade. «Mais pour défendre les intérêts des retenus, on demande au gouvernement de revoir sa copie», ajoute-t-il.
Avec d’autres associations, dont le Gisti, elle va déposer ce jeudi un recours devant le Conseil d’Etat pour annuler le décret modifiant les conditions d’intervention des associations dans les centres de rétention administrative (CRA).
Ce décret du 22 août dernier a en effet décidé d’ouvrir les CRA à d’autres «personnes morales» que l’association protestante. Pour Stéphane Maugendre, le président du Gisti, cette «terminologie de droit commercial» instituerait un «marché» de l’aide aux étrangers. Autre critique des associations vis-à-vis de ce décret, la répartition des 30 CRA qui seront en activité le 1er janvier 2009 en huit lots distincts. «C’est diviser pour mieux régner», explique Stéphane Maugendre qui craint une restriction de «l’accès au droit pour les personnes retenues».
L’appel d’offres déjà suspendu
La semaine dernière, un référé déposé par les mêmes associations devant le Tribunal administratif de Paris avait déjà suspendu l’appel d’offres. Une audience fixée au 30 octobre décidera si la procédure est conforme ou non au droit des marchés publics.
Mais tout cela n’a pas empêché le ministère d’annoncer mercredi la candidature de cinq candidats, dont la Cimade. Figurent également France Terre d’asile et l’association Forum Réfugiés qui précisent dans des communiqués ne pas avoir réussi à s’entendre avec la Cimade pour apporter une réponse collective à l’appel d’offre du ministère. «Nous aurions pu avoir une réponse plus intelligente et plus puissante en nous associant», déplore Pierre Henry, le porte de France Terre d’Asile. «Mais nous souhaitons la coordination et nous l’organiserons», ajoute-t-il.
Une association dirigée par un membre de l’UMP
Autres candidats à l’appel d’offres: l’ASSFAM, l’Ordre de Malte et enfin le Collectif Respect. Ce dernier a été fondé en 2003 après la rencontre France-Algérie durant lequel la «Marseillaise» avait été sifflée. Selon le blog de Serge Slama, maître de conférences à l’Université Evry-Val d’Essonne, son président, Frédéric Bard, serait membre de l’UMP et chargé de mission au ministère de l’immigration. Une information confirmée par une source proche du dossier à 20minutes.fr. Le ministère de l’immigration, lui, n’avait pas encore réagi.