Émilien Urbach, 08/01/ 2016
«On veut faire taire un certain nombre d’associations qui pointent du doigt la manière dont le milieu judiciaire et l’Aide sociale à l’enfance traitent les mineurs isolés étrangers », regrette Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti).
Le parquet de Paris attaque son association, ainsi que le Syndicat de la magistrature (SM) et la Ligue des droits de l’homme (Ldh), parce qu’ils auraient cherché à jeter le discrédit sur une décision juridictionnelle de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice.
Un des magistrats du parquet a vraisemblablement mal digéré les commentaires des trois organisations à la suite d’un arrêt de mars 2015 de la cour d’appel de Paris. Celui-ci refusait une mesure d’assistance éducative à un jeune Malien au motif que sa minorité « n’était pas établie » parce que des « éléments extérieurs » comme « son allure et son attitude » contredisaient les documents d’identité de l’adolescent. L’arrêt précisait pourtant que l’extrait d’acte de naissance et la carte d’identité attestant de sa minorité étaient « considérés comme authentiques par le bureau de la fraude documentaire ».
Dans un communiqué rendu public, le Gisti, le SM et la Ldh avaient alors dénoncé « le raisonnement (…) doublement fallacieux des magistrats » qui « pour rendre cette invraisemblable décision » n’ont « pas seulement renié toute humanité », mais « dû aussi tordre le droit ».
La réaction du magistrat ressemble à de la basse vengeance d’un orgueil vexé. Les défenseurs des droits des enfants étrangers sans famille seront jugés le 6 mai. Ce procès sera finalement l’occasion de « donner de l’écho à un communiqué qu’aucune agence de presse, ni radio, ni télé n’avait repris », ironise l’avocat président du Gisti, qui dans un haussement d’épaules, soupçonne « les dieux (d’être) tombés sur la tête ».