Le ministre de l’Immigration Eric Besson assure ne pas avoir eu connaissance de la circulaire visant les Roms et émanant du ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, qui a rédigé un nouveau texte pour calmer les critiques.
Le gouvernement se retrouve à nouveau au centre des critiques pour avoir émis une circulaire ciblant explicitement les Roms. Visiblement gêné, le ministre de l’Immigration Eric Besson a assuré hier n’avoir pas eu connaissance de la consigne donnée par le ministère de l’Intérieur aux préfets, après deux jours de tollé.
Brice Hortefeux a signé hier une nouvelle circulaire aux préfets sur les évacuations de campements illicites, sans mention de l’ethnie des occupants. Ce nouveau texte administratif demande de « poursuivre » les évacuations de camps « quels qu’en soient les occupants ». Cette circulaire, que Hortefeux a « tenu à signer personnellement » est destinée à « lever tout malentendu sur une éventuelle stigmatisation » des Roms, a déclaré l’entourage du ministre.
Daté du 5 août
Le président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés) Stéphane Maugendre a estimé que cela « ne retirera rien au caractère discriminatoire des pratiques des préfectures et des services de police à l’égard des communautés Roms. On enlève le mot « Rom » mais les pratiques continuent », a-t-il déploré.
Dans la circulaire datée du 5 août, la place Beauvau rappelait les instructions données fin juillet par le président Nicolas Sarkozy. « Trois cents campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici trois mois, en priorité ceux des Roms », écrivait Michel Bart, le directeur de cabinet de Brice Hortefeux.
De son côté, le ministre de l’Immigration a cherché à justifier la politique du gouvernement, sans se prononcer sur la circulaire du 5 août : « Je n’avais pas connaissance de cette circulaire », a déclaré Eric Besson.
Niant toute « divergence » avec Brice Hortefeux, Eric Besson a toutefois pris implicitement ses distances avec le ministère de l’Intérieur, citant Nicolas Sarkozy : « Le président de la République, dans son discours de Grenoble, a lui-même rappelé, après avoir demandé le démantèlement des camps illicites, […] qu’en aucun cas on ne puisse stigmatiser les Roms. »
Hier, le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon s’est dit « choqué » par ce document. « Nous trouvons affligeant que cette circulaire existe », a-t-il déclaré. A l’Onu, le haut commissaire aux Droits de l’Homme Navi Pillay a jugé « préoccupante » la nouvelle politique du gouvernement français. « Cela ne peut qu’exacerber la stigmatisation des Roms et l’extrême pauvreté dans laquelle ils vivent », a-t-elle souligné.