Le ministre de l’immigration dit ne pas avoir été mis « au courant » de la circulaire alors que pour le patron de l’UMP, elle « est la traduction de notre politique et je l’assume tout à fait ».
Xavier Bertrand assume « tout à fait » la politique d’évacuation de campements illégaux, y compris la circulaire du 5 août visant explicitement les Roms. Le patron de l’UMP a ainsi dénoncé lundi 13 septembre « l’hypocrisie » du Parti socialiste (PS) et des « associations de bien pensants » sur cette question.
Les critiques du PS et des associations contre cette circulaire, « c’est le monde à l’envers », a déclaré Xavier Bertrand sur RMC et BFM TV. Ce qui « me choque, c’est l’hypocrisie du Parti socialiste, l’hypocrisie de ces associations de bien pensants », a-t-il ajouté, dénonçant « les faux semblants de celles et ceux qui ne vivent pas à côté des camps illégaux de Roms ».
Cette circulaire « est la traduction de notre politique et je l’assume tout à fait », a-t-il expliqué.
« Les campements sont illégaux, ils sont démantelés en vertu de décisions de justice. Dans un Etat de droit, on fait respecter la loi », a jugé Xavier Bertrand.
Besson n’était « pas au courant »
Peu auparavant, le ministre de l’Immigration Eric Besson avait affirmé ce lundi sur France 2, qu’il n’était « pas au courant » de la circulaire (voir ci-dessous) du ministère de l’Intérieur du 5 août aux préfets ciblant expressément l’évacuation de campements de Roms.
Jeudi, son ministère avait diffusé un communiqué des plus formel, « la France n’a pris aucune mesure spécifique à l’encontre des Roms, qui ne sont pas considérés en tant que tels mais comme des ressortissants du pays dont ils ont la nationalité ».
« Je ne connaissais pas cette circulaire », a dit Eric Besson. « Je n’en étais pas destinataire et je n’avais donc pas en connaître ». Cette circulaire datée du 5 août 2010 et signée par Michel Bart, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, rappelle aux préfets les « objectifs précis » fixés par le président Nicolas Sarkozy : « 300 campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici trois mois, en priorité ceux des Roms ».
« Il revient donc, dans chaque département, aux préfets d’engager (…) une démarche systématique de démantèlement des camps illicites, en priorité ceux de Roms », selon le texte qui a provoqué des réactions, notamment celle du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) qui a annoncé dimanche préparer un recours contre la circulaire d’Hortefeux.
« Déroger au principe d’égalité »
Stéphane Maugendre, président du Gisti, justifie sa démarche, « Nicolas Sarkozy a été le premier à désigner expressément les Roms. Cette circulaire traduit son discours politique« . En effet, le 28 juillet dernier, suite à une réunion tenue à l’Elysée, le président de la République avait déclaré « avoir demandé au ministre de l’Intérieur de mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms ».
SOS Racisme a également tenu au travers d’un communiqué à exprimer son indignation. « Cette circulaire ne fait finalement que reprendre sur le papier ce que les discours officiels de cet été auront insinué : il est possible de déroger au principe d’égalité envers certaines personnes vivant sur le territoire national ». SOS Racisme déposera un recours devant le Conseil d’Etat afin de contester la légalité de cette circulaire et étudie la possibilité d’une action pénale pour provocation à la discrimination raciale.
Le ministre de l’Immigration s’est refusé à tout autre commentaire sur cette circulaire, renvoyant « au directeur de cabinet » du ministre de l’Intérieur. Il a toutefois assuré que « le concept de minorités ethniques est un concept qui n’existe pas chez nous ».
Le ministre a notamment mis l’accent sur « le très gros effort sur le démantèlement des filières de l’immigration clandestine« .