« En poussant l’aberration jusqu’au bout, parfois, on ferait mieux de donner de l’argent à nos clients pour aller se faire défendre par quelqu’un d’autre, cela nous coûterait moins cher ! » Pourtant, Stéphane Maugendre (avocat), vingt-neuf ans, membre du SAF, et de l’intersyndicale, a choisi de s’inscrire au barreau de Bobigny -le deuxième de France en matière d’aide judiciaire- en connaissance de cause. «Je considère que mon métier est avant tout de défendre les gens. Mais il faut aussi que je puisse en vivre». Les dossiers d’aide judiciaire représentent 30 % des affaires de son cabinet, dont les charges fixes s’élèvent à 300 francs de l’heure. « Les indemnités que nous recevons sont tellement ridicules qu’on ne va même plus les toucher… Lundi, j’ai plaidé un tout petit dossier d’assises. J’ai travaillé au moins 20 heures dessus. Je ne toucherai même pas 1000 F».
Henri Nallet a promis un projet de loi sur l’aide judiciaire à la session de printemps. Mais au-delà de ses propres revendications, la profession est excédée par la dégradation générale de la machine judiciaire.