Nathalie Perrier, 26/06/2014
UNE VINGTAINE D’ORGANISATIONS associatives, syndicales et militantes, dont la LDH (Ligue des droits de l’homme), le Mrap (mouvement contre le racisme et pour l’amitié entré les peuples) ou encore le Gisti (groupe d’information et de soutien des immigrés), ont publié un livre noir sur l’accueil des étrangers en préfecture de Bobigny, en 2010. Quatre ans après, leur constat est toujours accablant, Selon ce nouveau document de 8 pages, publié hier et établi à partir de recueil de témoignages et d’observations des acteurs de terrains, « malgré une volonté d’amélioration des dispositifs d’accueil », les délais de traitements sont « de plus en plus loup » et « le traitement des dossiers est inégal et arbitraire ».
Point positif ; les files d’attentes en préfecture de Bobigny ont large-ment diminué, grâce à l’ouverture d’un service dédié aux étrangers en sous-préfecture de Saint-Denis et à la mise en place d’un préaccueil à Bobigny pour fluidifier les queues. Pour autant le temps d’attente pour accéder à un guichet reste très long. S n’est ainsi pas rare de passer plusieurs heures en préfecture pour déposer un dossier. La situation est encore pire en sous-préfecture du Raincy. « A Bobigny même si on y passe la journée on peut venir déposer son dossier dès qu’il est complet. Au Raincy, le dépôt du dossier est soumis à l’obtention d’un rendez-vous. Or, celui-ci est donné avec un délai de plus d*un an! », dénoncent les auteurs du rapport
Le recours à internet se développe
Réclamé par les associations, le recours à Internet et aux SMS a certes contribué à réduire pour partie l’engorgement en préfecture mais exclut une partie du public, « Les étrangers qui veulent s’informer sur leur dossier sont systématiquement renvoyés à une procédure Internet qu’ils ne maîtrisent pas toujours. Idem pour le renouvellement des titres de séjour, il faut obligatoirement avoir une adresse mail, ce qui n’est pas le cas de tous les étrangers », regrettent les associations, hostiles à ce recours exclusif à Internet.
Enfin, aux yeux des associations, le traitement des dossiers relève toujours de « l’arbitraire ». « Certains dossiers passent sans problème, d’autres, pourtant similaires, sont rejetés. Le travail d’études des dossiers n’est pas ou mal fait, en partie du fait du manque de personnel », dénonce l’avocat Stéphane Maugendre, du Gisti.
Dans la continuité du premier livre noir, les associations réclament une réforme du code de l’entrée, du séjour des étrangers et droit d’asile (CESEDA) seule à même selon eux de « mettre fin aux problèmes d’accueil et à la précarité vécue par de nombreux étrangers ». Hier, la préfecture n‘a pas été en mesure de répondre à nos questions.