Midilibre.fr 26/05/2011
Trois CRS ont été condamnés jeudi par le tribunal correctionnel de Bobigny à ïf mois de prison dont un an avec sursis et à une intérdiction de servir dans la police pendant cinq ans, reconnus coupables d’avoir racketté des chauffeurs de taxis en 2006.
Deux de leurs collègues ont été condamnés à respectivement quatre et six mois de prison avec sursis, ils ont par ailleurs été condamnés à verser solidairement entre 4 000 et 5 000 euros à chacune des parties civiles, trois chauffeurs de taxis, au titre de réparation du préjudice subit.
« C’est une très grosse satisfaction pour mes clients, autant pour la reconnaissance des faits que pour les peines prononcées, qui sont relativement sévères mais juste au final quand on tient compte du fait que les faits jugés ne représentaient que la partie émergée de l’iceberg” a déclaré à l’AFP Stéphane Maugendre, avocat de plusieurs chauffeurs de taxis.
Pour Michel Marrec, du syndicat majoritaire Unité-SCP, cette « condamnation est plutôt correcte”. « Il y a toujours des brebis galeuses malheureusement, quelle que soit la profession et dans notre métier la tentation peut être grande au vu des possibilités qu’il offre quand on a affaire a de gros soucis d’argent, entre autres. Espérons simplement que cette condamnation servira d’exemple et de piqûre de rappel” a ajouté Michel Marrec.
Les faits reprochés remontent à l’été 2006 durant lequel plusieurs chauffeurs de taxi se sont fait arrêter, principalement sur l’autoroute Al, par des véhicules de police. Sous prétexte d’infraction et du risque d’une perte importante de points, les fonctionnaires réclamaient de l’argent pour fermer les yeux.
Dans certains cas, les chauffeurs de taxi ont réussi à s’en sortir en résistant à la pression, mais d’autres ont versé des sommes allant jusque 2S0 euros, de peur de perdre leur travail. ”Il y avait un problème d’encadrement à l’époque, qui est d’ailleurs toujours présent aujourd’hui. Si, parmi ces 5 hommes, il y en avait eu un ou deux de 50 ans, jamais ils ne seraient allés risquer leur fin de carrière pour 300 euros, ils auraient pu calmer les autres” a rappelé Michel Marrec.
Confiée à l’Inspection générale des Services, suite à une plainte déposée par un des chauffeurs, l’enquête est remontée jusqu’à une dizaine de fonctionnaires de la CRS 7, compagnie basée dans le Val d’Oise, avant de se limiter aux 5 accusés.
Sept fonctionnaires de cette même compagnie avaient déjà été mis en cause pour le viol de prostituées en 2002 et 2003. Le 10 décembre dernier à Bobigny, sept policiers avaient également été condamnés à des peines de 6 mois à un an de prison ferme, pour avoir accusé à tort le conducteur d’un véhicule qu’ils poursuivaient d’avoir renversé un de leurs collègues. Il s’avéra que dans les faits le policier blessé avait été percuté par un véhicule de police.
A l’annonce de la condamnation, 200 policiers s’étaient spontanément rassemblés au pied du palais de justice pour montrer leur désapprobation quant à cette condamnation.