2/11/2011
Haroun a été « battu à mort […] de manière préméditée, froide, déterminée et même détachée ». C’est ainsi que la procureure de Bobigny a décrit l’expédition punitive de Noisy-le-Sec ce week-end. Les dix adolescents arrêtés ont été mis en examen la nuit dernière. Mais qui sont ces jeunes garçons de 14 à 18 ans sans aucun antécédent judiciaire, avant d’avoir laissé pour mort leur congénère ?
La vidéo captée par la caméra de surveillance de la gare RER de Noisy-le-Sec, où s’est déroulé le passage à tabac, montre des faits extrêmement brutaux. Sylvie Moisson, la procureure, parle d’un « déchaînement de violence », et surtout du détachement affiché par les adolescents, sitôt l’agression terminée. « Ils repartent, explique-t-elle, tranquillement, calmement. L’un d’eux porte à la main les baskets de la victime laissée pour morte ».
Pour la procureur de Bobigny, il y a sans nul doute préméditation. D’après elle, celui qui semble être l’instigateur avait d’abord localisé sa victime, grâce à un subterfuge, en l’occurrence un SMS. Ces jeunes reprochaient manifestement à Haroun venu de Sartrouville, de fréquenter une jeune fille de leur quartier de Noisy.
Pourtant, le juge n’a pas retenu la préméditation. Huit des dix jeunes ont été mis en examen pour « tentative de meurtre » et non pas « tentative d’assassinat ».
Selon l’avocat de l’instigateur, il n’y avait là pas de bande, que des jeunes sans histoire, scolarisés. « C’est un phénomène de groupe qui a dégénéré », affirme Maître Maugendre, qui n’hésite pas à qualifier cette affaire de « quiproquo ».
Haroun, 18 ans, laissé pour mort, est aujourd’hui sorti du coma, après avoir subi des traumatismes crânien et cardiaque. Sa petite amie, mineure, devrait être relogée ailleurs avec sa famille, pour éviter d’éventuelles représailles.