D’ORDINAIRE, le chemin qui conduit des jeunes gens devant une cour d’assises est pavé d’actes de petite délinquance. Comme des signaux d’alerte. Mais pour les deux accusés qui comparaissent jusqu’à ce soir pour trois braquages commis entre avril et juin 2003 dans des bureaux de poste d’Osny et de Paris, ces signaux sont presque invisibles. Surtout pour Mohamed G, 23 ans aujourd’hui, dont le casier judiciaire est entaché d’un simple excès de vitesse.
Alors comment ce fils décrit comme « calme et sans problème par ses parents a-t-il pu basculer dans cette série rapprochée de braquages avec son copain d’enfance Nicolas C.? Ses proches n’en savent rien et ruminent cette incompréhension depuis son arrestation à l’automne 2003. Certes Mohamed n’était pas un élève brillant mais il a souvent travaillé, notamment au travers de petits stage dans l’informatique, une de ses passions. Il rêvait aussi selon ses proches d’intégrer la RATP pour devenir conducteur de bus. Il s’est d’ailleurs inscrit au concours dont il a été recalé en mai 2003. Quelques jours plus tard, il entrait casqué et armé dans le bureau de poste d’Osny avec son complice et ami Nicolas.
Les parents et tous, les membres de la famille de Mohamed voit dans cet échec à la RATP la raison, majeure de son entrée dans le grand banditisme. « Il devait être mal, mais on ne l’a pas vu », résume sa mère qui culpabilise beaucoup évoquant sans le nommer le sentiment de honte qui s’est abattu sur la famille lorsque son fils a été incarcéré. Une famille sans histoires, très unie et qui continue à soutenir celui qui a fauté. Sa fiancée, étudiante, a elle aussi été entendue hier.
« Je lui fais toujours confiance », a-t-elle martelé, même si elle n’arrive pas non plus à expliquer pourquoi il a pu se muer en braqueur. « Peut- être l’appât du gain, de la facilité » souffle-t-elle. Une facilité qui aura amené Mohamed et Nicolas, les deux copains de cité, à se hisser brutalement dans la hiérarchie criminelle. Leur chute a d’ailleurs été tout aussi brutale avec leur interpellation trois mois seulement après, leur dernier braquage.
Les débats se poursuivent aujourd’hui et le verdict est attendu ce soir.