David Dufresne, 19/05/1997
Interpellé mercredi, brutalisé par la police selon des témoins, il écope de dix ans d’interdiction du territoire.
Quatre mois de prison ferme, 4000 francs d’amende et dix ans d’interdiction du territoire, c’est la condamnation qu’a prononcée, vendredi Soir, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny à l’encontre de El Hadj Momar Diop. Porte-parole du troisième collectif des sans-papiers, d’origine sénégalaise, El Hadj Momar Diop avait été interpellé mercredi à proximité du Stade de France (Seine-Saint-Denis), où lui et les siens avaient choisi de manifester dans un «lieu symbolique». La justice avait retenu plusieurs inculpations contre lui: infraction à la législation relative aux étrangers, rébellion et violence à agent. Selon la police, il aurait, en se débattant dans le car, blessé un agent. Pour de nombreux témoins, c’est au contraire les forces de l’ordre qui ont agi avec une «extrême brutalité». Incarcéré à Fleury-Mérogis, le sans-papiers se réserve le droit de faire appel.
Dès samedi, un comité de soutien en sa faveur s’est constitué et un appel, lancé dans la foulée, a déjà recueilli une centaine de I signatures, dont plusieurs de cinéastes et d’écrivains. Rendu public demain, l’appel demande notamment sa «libération immédiate pour que la justice ne devienne pas une annexe du Ministère de l’intérieur». Et une réunion doit décider, mercredi, d’une campagne nationale «voire internationale», selon Madjiguène Cissé, déléguée de la coordination nationale des sans-papiers. De son côté, Reporters sans frontières a écrit à Jean-Louis Debré pour lui demander l’ouverture d’une enquête sur les conditions de l’interpellation, lors de la manifestation des sans-papiers mercredi, de Gaél Cornier, photographe de l’agence Associated Press. « Molesté » à coups de matraque et de bouclier, le photographe s’était vu saisir une de ses pellicules et avait été retenu quatre heures au commissariat central de Saint-Denis.