Trois français, dont François Martin, médecin à l’hôpital de Dreux,ont passé quelques Jours en Turquie, en septembre dernier. A l’invitation de l’Association des Droits de l’Homme, cette délégation s’est rendu à Ankara pour y enquêter sur la situation des Droits de l’Homme. La délégation, mandatés également par le MRAP d’Eure et-Loir, a pu assister aux premières audiences de la défense dans le procès de 723 membres présumés de l’organisation interdite Dev-Yol. est Français sont revenus avec des images chocs et des témoignages intéressants.
Une vingtaine de Turcs, résidant à Dreux, se sont retrouvés hier pour entendre les témoignages de François Martin, médecin à Dreux ; Stéphane Maugendre, avocat parisien, et de Magalie Molinier, journaliste, qui se sont rendus en Turquie pour enquêter sur les Droits de l’Homme.
A l’invitation de l’Association des travailleurs Turcs de Dreux, les trois français qui ont séjourné à Ankara dernièrement ont été écoutés avec intérêt par un auditoire, certes maigre, mais particulièrement intéressé.
François Martin devait rappeler avant d’entrer dans le vif du sujet : « Il s’agissait pour nous d’assister aux premières audiences de la défense dans le procès de 723 membres présumés de l’organisation interdite Dev-Yol auquel 74 condamnations à mort ont été requises en août 88. Notre délégation a pu s’enquérir de la manière dont sont respectées la Convention européenne des Droits de l’Homme, ratifiée en 1954 et la Convention internationale de l’ONU contre la torture, ratifiée également par la Turquie. Le 5 septembre, notre délégation a assisté à une audience du procès au camp militaire de Mamak ».
François Martin a été interpellé au cours de ce procès par plusieurs points : « 40 inculpés étaient présents dans un hangar où siégeaient on procureur, un général, quatre juges civils et deux avocats. Les deux avocats ont précisé comment quatre inculpés avaient signé des aveux préparés à l’avance. Ils ont aussi donné les noms des policiers tortionnaires ».
Le travail difficile de la défense
Le lendemain, les français faisaient le point de ce procès avec les avocats: «Il nous a été dit que parmi les 824 motifs d’inculpation de l’acte d’accusation, 823 résultent de déclarations faites sous la torture ». La délégation a également rencontré des familles de détenus, tous condamnés à mort: « Les compagnes ou épouses des condamnés nous ont précisé les sévices dont elles avaient été victimes pendant les jours de détention an centre de garde i vue avant la prison. Ces familles éprouvent actuellement de grandes difficultés à trouver un emploi, un logement et les moyens financiers pour « adoucir » les conditions de vie des détenus en prison, oh le trafic est la règle ». François Martin a également été marqué par le com¬portement de ces ramilles au cours des procès.
Le 7 septembre, les Français rencontraient le chef de cabinet du ministre de la Justice. Lors de cette réunion, la délégation a posé plusieurs questions sur la torture en Turquie : « Aucune reconnaissance de fait de torture en Turquie n’a été reconnue par M.Turcmen. Quant à la persistance d’une juridiction militaire, elle se trouverait justifiée à ses dires, par les actes d’accusation basés sur sur des faits antérieurs à septembre 1980».
La situation des Kurdes
An siège de l’association des Droits de l’Homme, la délégation française a donné mie conférence de presse : « Nos interventions avec la presse turque ont porté sur le respect des conventions internationales contre la torture, l’indépendance de la justice, le droit d’association pour les fonctionnaires ». Les Français ont également abordé la situation des kurdes : « Ceux d’origine turque ne peuvent vivre en Turquie et sont obligés de demander l’asile politique à la France on à l’Allemagne. Aucune déclaration faite par la délégation n’a été publiée dans la presse turque ».
Stéphane Maugendre, avocat, soulignait les points qui l’ont choqué : « Et notamment le déroulement d’un procès dans un hangar avec des militaires armés jusqu’aux dents, qui passent sans cesse…, sans les interdictions durant le procès. L’indépendance des magistrats m’a également surpris.