B.A., 23/03/2006
CINQ ANS de réclusion. C’est la peine que les jurés de la cour d’assises de l’Oise, à Beauvais, ont infligée hier soir à Anis Drissi, S. G., Heykel Lassoued et Cyril Pépin, âgés de 23 à 25 ans, originaires de Marly-la-Ville et de Fosses. Ils comparaissaient pour le vol à main armée commis dans le bureau de tabac tenu par Patrick et Christine Delille à Plailly, le 29 octobre 2003 à 7 h 10.
« Il s’agit bel et bien d’une bande organisée qui a commis des actes de violence gratuite sur les commerçants et le client présent, avant de rafler 1 800 en numéraire et deux cartons de cigarettes », a-t-elle martelé dans son réquisitoire, rappelant que le braquage avait été perpétré, avec une voiture volée, quelques minutes après la livraison de la marchandise aux débitants.
Autre argument de l’accusation, la bande avait, en un temps record, ôté les codes-barres des paquets de cigarettes pour éviter qu’on découvre leur provenance frauduleuse. Mais elle avait aussi trouvé un receleur, ami d’enfance de l’un des accusés, qui a très rapidement écoulé la marchandise.
Un réquisitoire démonté point par point par l’ensemble des avocats de la défense, tous reprenant les résultats de l’expertise psychiatrique des accusés, évoqués dans la matinée et révélant surtout « des jeunes immatures, avec parfois une violence inquiétante et une intolérance à la frustration ». « Non, ces gamins n’étaient pas des professionnels, plaide Me Even, conseil d’Anis Drissi. Car, s’ils l’avaient été, ce serait les livreurs qu’ils auraient braqués pour partir avec toute la cargaison. Au départ, ils voulaient juste la caisse, ils n’avaient pas pensé à voler de la marchandise. »
« Ils ont agi de façon improvisée. Ce sont des jeunes qui avaient récemment vécu une cassure dans leur vie personnelle ou familiale, renchérit Me Maugendre, l’avocat de Cyril Pépin. Ils ont besoin d’être cadrés et de bénéficier d’un accompagnement social et professionnel lorsqu’ils sortiront de prison. C’est une garantie contre la récidive.»
« L’avocate générale se trompe sur les motivations de ces gamins, insiste Me Stepniewski, le défenseur d’Heykel Lassoued. Contrairement à ce qu’elle affirme, au moment des faits les accusés n’ont pas fait le choix de l’oisiveté. Tous avaient, pour des raisons différentes, du mal à trouver du travail. Il faut leur ouvrir la vie plutôt que de refermer sur eux la porte de la cellule. »