Bénédicte Agoudetsé, 21/03/2006
DANS LE BOX des accusés, Anis Drissi, S. G., Heykel Lassoued, 23 ans tous les trois, et Cyril Pépin, 25 ans, comparaissent depuis hier et jusqu’à mercredi soir devant les assises de l’Oise. Originaires de Fosses, dans le Val-d’Oise, tous sont actuellement détenus et directement impliqués dans le violent braquage du bureau de tabac de Plailly, le 29 octobre 2003. Mais aussi dans le vol et la destruction par incendie de l’Opel Corsa dérobée la veille à Chaumontel, qui leur a servi à commettre le vol à main armée.
Les propriétaires du commerce victimes de violences, Christine et Patrick Delille , se sont constitués parties civiles, tout comme la propriétaire du véhicule, retrouvé en cendres dans un chemin de terre près de Plailly dans les jours qui ont suivi le drame. Outre les sérieuses blessures à la tête qu’il s’était vu infliger, notamment à coup de crosse, le buraliste avait également dû céder les 1 700 que contenait sa caisse.
Devant ces quatre malfaiteurs, un cinquième accusé, Frédéric Aubé, 23 ans, comparaît lui, libre, pour avoir recelé et écoulé, dans la région de Bourges (Cher) où il réside, les deux cartons de cartouches de cigarettes dérobés par ses complices.
« Aucune société d’intérim ne voulait plus me proposer de contrats. Voilà pourquoi j’en suis arrivé là »
L’audience d’hier, sévèrement amputée en raison du retard du dernier accusé, a été consacrée à la personnalité des braqueurs. Leur point commun : ils se trouvaient au moment des faits « au chômage et mal dans leur peau ». « J’avais été incarcéré à tort pour un viol que je n’avais pas commis, et pour lequel j’ai obtenu un non-lieu, explique Cyril Pépin. Aucune société d’intérim ne voulait plus me proposer de contrats, et ma famille avait de gros soucis financiers. Voilà pourquoi j’en suis arrivé là. » C’est ce vigoureux colosse d’un mètre quatre-vingt-dix qui a fourni les armes du crime : le gomme-cogne (pistolet à balles en caoutchouc) subtilisé à son propre père, ainsi que le fusil factice « emprunté » à son jeune frère pour les besoins de la cause. Les biographies des autres braqueurs sont peu ou prou semblables à celles-ci, sur fond de vie dans des familles modestes mais méritantes, d’échec scolaire et d’un sérieux manque de maturité.
Aujourd’hui, la suite des débats sera notamment consacrée à l’examen des faits.