Damien Delseny, 15/10/2005
APRÈS trois heures de délibéré, les jurés de la cour d’assises du Val-d’Oise ont condamné hier soir Mohamed C., 23 ans et Nicolas C., 22 ans à cinq et sept ans de prison.
Les deux copains qui ont grandi à deux pas-de-porte l’un de l’autre dans une cité d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) comparaissaient depuis jeudi pour trois braquages commis en avril et juin 2003 dans des bureaux de poste d’Osny, attaqué deux fois, et de Paris XVIIIe.
Une série qui leur avait rapporté environ 30 000 .
Un butin appréciable pour ce duo étonnant, qui n’était même pas de petits voyous avant de se lancer dans le grand banditisme. « Leur moteur, c’était l’immaturité et le désœuvrement »,a résumé Me Yann Lebras, l’avocat de Nicolas. « La rencontre aussi de deux jeunes fragilisés par leurs échecs », a-t-il ajouté. Mais aussi l’appât du gain comme l’a rappelé l’avocat général Sébastien Piève dans son réquisitoire : «Le butin amassé en trois braquages équivaut à deux ans de Smic. Deux ans de travail honnête auxquels ils ont préféré la facilité.»
L’avocat général, qui avait requis six ans de prison pour Mohamed et neuf ans pour Nicolas, a aussi insisté sur les « dégâts psychologiques réels subis par les victimes » de ces braquages. Un raisonnement partagé par Me Stéphane Maugendre qui défendait les employés victimes et la Poste : « Quand on subit cela, il en reste toujours quelque chose ». Quant aux conséquences sociales des braquages, l’avocat a eu cette formule : «Demain, à force de braquages, les guichetiers seront transformés en machines et les caissiers en distributeurs et la Poste fermera ses bureaux dans certains quartiers. Est-ce cela que l’on veut?»
A l’époque des faits, Nicolas et Mohamed ne se posaient pas toutes ces questions. Il s’agissait de prendre de l’argent pour partir en vacances ou améliorer le quotidien. Deux ans derrière les barreaux plus tard, ils jurent avoir pris du recul. « Mohamed peut compter sur sa famille pour se reconstruire », a plaidé son avocate Isabelle Gaspar. « Nicolas a ouvert une parenthèse délinquante. Mais il va la refermer », insiste Me Yann Lebras.
Une plaidoirie renforcée par la longue conclusion de Nicolas lui-même juste avant que le jury se retire : « La vie ce n’est pas ça. Maintenant je veux travailler et fonder une famille. Je veux que mes proches soient fiers car jusqu’à maintenant je n’ai su les rendre que malheureux ».