Trois personnes comparaissent à partir d’aujourd’hui devant la cour d’assises de Paris pour avoir assassiné Catherine Choukroun, la première femme policier abattue dans l’exercice de ses fonctions en février 1991 sur le périphérique parisien. Le procès doit durer jusqu’au 15 septembre. Aziz Oulamara, 39 ans, et Marc Petaux, 41 ans, sont accusés d’« assassinat » et de « tentative d’assassinat ». Leur co-accusée, Nathalie Delhomme, 35 ans, comparaît pour « complicité d’assassinat » et « complicité de tentative d’assassinat ». Ils risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Dans la nuit du 19 au 20 février 1991 la jeune fonctionnaire de police Catherine Choukroun surveillait un radar sur le périphérique, en compagnie de son collègue Emile Hubbel. Vers 1 h 20 plusieurs coups de fusils tirés depuis une voiture arrivant de la porte de Clignancourt ont tué la jeune femme et grièvement blessé M. Hubbel. Après une enquête longue et compliquée qui n’avait pas donné de résultats jusqu’en 1997, le coup de fil anonyme d’une femme proxénète de la rue Saint-Denis a mis les enquêteurs sur la piste d’Oulamara, videur dans une boîte de nuit, et de la prostituée Nathalie Delhomme. Dès sa première garde à vue cette dernière a admis avoir été dans la voiture au moment des faits, précisant cependant qu’à l’époque elle était « camée en permanence ». Par la suite, elle est revenue sur cette déclaration, disant qu’elle l’avait faite sous la menace de ne plus revoir son fils. Elle a depuis livré plusieurs versions différentes, niant toujours son implication. « La position que Nathalie Delhomme a adoptée en garde à vue, qu’elle soit spontanée ou suggérée, ne faisait d’elle rien d’autre qu’un témoin », souligne son avocat, Me Yves Moreuil, scandalisé que sa cliente soit en détention provisoire depuis plus de trois ans. « On a voulu faire avouer un crime à Aziz Oulamara qu’il n’a pas commis », s’indigne aussi son avocate, Me Françoise Luneau, qui a porté plainte pour les conditions de garde à vue de son client. « Il a été torturé et maltraité », souligne l’avocate qui déplore les « nombreuses zones d’ombre » qui subsistent dans le dossier, construit selon elle sur « une rumeur ». « Il n’y a pas un élément matériel, pas une preuve, pas un témoin », estime aussi Me Hervé Témime qui défend Marc Petaux. Ce dernier, également videur de boîte, a été mis en cause par les déclarations d’Oulamara mais n’a jamais avoué sa participation aux faits. Il n’empêche que l’accusation a estimé détenir suffisamment d’éléments « permettant de caractériser l’existence d’un dessein homicide prémédité dans le cadre d’une co-action entre chauffeur et passager tireur, ce, avec la complicité de Nathalie Delhomme ». De plus, les accusés, tous déjà condamnés à de nombreuses repris – es, ont été décrits comme « violents » par les experts psychiatres. Ces derniers ont qualifié Oulamara de « sujet fruste à la personnalité peu affirmée, capable d’agir bien ou mal au gré des rencontres ». « Une absence de freiin dans les passages à l’acte caractéristique d’une personnalité psychopathique » a été relevée pour Petaux. « On ne sait pas quelle version ils vont nous donner. C’est une technique de défense que de brouiller les pistes », estime pour sa part Me Stéphane Maugendre, avocat d’Emile Hubbel.