, Luc Bronner et Michel Delberghe, 07/08/2008
Des enseignants, des lycéens, des parents d’élèves, des juristes, des syndicalistes, des chefs d’entreprise… Le profil des militants et sympathisants engagés dans la défense des sans-papiers est assez hétéroclite, même si la plupart des associations impliquées sont classées à gauche. Cette galaxie se révèle assez mouvante avec des collectifs qui naissent et disparaissent en fonction des menaces d’expulsion repérées ici dans un établissement scolaire, là par un syndicat, plus loin par un club sportif… Trois associations ou collectifs jouent un rôle moteur, rejoints, plus récemment, par des syndicats de salariés comme la CGT. A leurs côtés, interviennent des associations comme la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature ou des organisations de l’éducation nationale (SUD-Education, SNES, etc.).
La Cimade. L’association, créée en 1939 par des protestants, a conservé son acronyme d’origine lié à la guerre (qui signifie Comité inter-mouvements auprès des évacués) mais se présente aujourd’hui comme un « service œcuménique d’entraide » intervenant auprès des étrangers et des migrants. Elle est chargée, depuis 1984, d’une mission officielle dans les centres de rétention administrative (CRA) pour accompagner les personnes retenues et les conseiller.
Présidée par Patrick Peugeot, elle dispose de moyens importants, contrôlés par l’inspection générale des affaires sociales (IGAS), avec 120 salariés et 1 500 bénévoles. Le ministère de l’immigration la finance à hauteur de 40 % de son budget, le reste étant assuré par des dons, des subventions de collectivités locales et de fondations privées. La Cimade publie des enquêtes sur la situation des centres de rétention. Elle n’a pas cessé, depuis plusieurs mois, d’alerter le gouvernement sur la situation critique dans certains CRA, notamment à Vincennes (Val-de-Marne) et au Mesnil-Amelot (Seine-et-Mame).
Le Gisti. Le Groupe d’information et de soutien des immigrés, crée en 1972, est une association spécialiste du droit des étrangers. Il organise des permanences juridiques, assure des formations. Début 2008, il comptait 208 membres, dont 54 avocats. Cette structure, présidée par l’avocat Stéphane Maugendre, joue un rôle important dans le combat juridique, contestant régulièrement les textes réglementaires devant la juridiction administrative française ou européenne. Plusieurs « grands arrêts » du Conseil d’Etat ont été obtenus sur des recours déposés par le Gisti.
RESF. Le Réseau éducation sans frontières est un rassemblement informel de centaines de collectifs locaux, créés autour d’établissements scolaires, pour assurer la défense d’élèves mineurs menacés d’expulsion du fait de la reconduite de leurs parents. Depuis sa création, en 2004, ce réseau a connu un développement rapide, soutenu par des syndicats d’enseignants et des associations de parents. Grâce à ses actions (parrainages, pétitions, manifestations), le réseau estime avoir empêché plusieurs milliers d’expulsions. Son porte-parole national est Richard Moyon.
CGT et Droits devant !! Le mouvement a commencé en février par une grève inédite de salariés employés avec de fausses cartes de séjour dans un grand restaurant parisien. Depuis, la CGT et l’association Droits devant ! ! accompagnent les actions spontanées qui ont émergé dans plus de 70 entreprises, pour l’essentiel en Ile-de-France, contraintes par la nouvelle loi sur l’immigration de licencier leurs salariés employés « irrégulièrement », le plus souvent depuis plusieurs années. Au total, plus de 800 travailleurs ont été régularisés, au cas par cas dans les préfectures, parfois avec l’aide des chefs d’entreprise concernés. Pour autant, ce mouvement concerne assez peu les femmes qui occupent des emplois précaires dans le nettoyage et la restauration.