France : procès d’une expulsion mortelle

11377260_1098083010205972_3295819974471160524_n Saïd Aït-Hatrit, 28/09/2006

Crédit photo : Arbeiterfotografie
Trois policiers comparaissent pour la mort accidentelle d’un jeune Ethiopien en 2003. Jeudi a débuté en France le procès de trois jeunes policiers accusés d’avoir accidentellement causé la mort d’un jeune Ethiopien, en janvier 2003, lors d’une tentative de reconduite à la frontière. En expliquant n’avoir fait ni plus ni moins qu’à l’occasion d’autres procédures du même type, ils mettent en évidence la violence parfois déployée pour expulser les immigrés clandestins.

Jusqu’où les forces de l’ordre peuvent-elles aller pour mettre en œuvre une procédure de reconduite à la frontière ? Les trois jeunes policiers de l’air et des frontières dont le procès pour homicide involontaire a démarré jeudi, au tribunal de Grande instance de Bobigny, ne le savaient pas au moment des faits qui leurs sont reprochés. Ils répondent de « maladresses et manquements à une obligation de sécurité et de prudence ayant entraîné involontairement le décès », après avoir brutalisé le 16 janvier 2003 un jeune Ethiopien âgé de 25 ans. Getu Hagos était arrivé le 11 janvier 2003 sans papiers ni billet à Roissy-Charles-de-Gaulle (Paris), dans un vol Air France, en provenance de Johannesburg (Afrique du Sud). Non admis sur le territoire français, débouté de sa demande d’asile politique, il est tombé dans le coma dans l’avion qui devait le reconduire en Afrique du Sud (en vertu de la convention de Chicago). Sa mort a été enrégistrée deux jours plus tard.

Getu Hagos s’était présenté en France sous une fausse identité, celle de Mariame, un Somalien vivant à Nairobi, au Kenya. Il avait déposé une demande d’asile en Afrique du Sud sous le même pseudonyme, Mariame, le nom de sa mère. L’autopsie effectuée sur son corps a conclu à une mort consécutive à un « arrêt cardio-respiratoire » dû à l’utilisation d’une technique dite du « pliage ». Aujourd’hui, Me Maugendre, l’avocat de la famille de Getu Hagos, attend d’abord « une déclaration de culpabilité » de la part des prévenus. Et aussi « qu’il soit montré qu’il y a une pression de la hiérarchie et du ministère de l’Intérieur pour faire du chiffre coûte que coûte, au mépris de la sécurité et de la santé des gens. » Le procureur de la République a requis de la prison avec sursis contre deux des prévenus. Le jugement a été mis en délibéré au 23 novembre.

J’ai « appliqué ce qu’on m’a dit de faire »

Le jour de sa reconduite, Getu Hagos a résisté avec énergie à son départ dès la zone d’attente. L’après-midi même, il avait été ausculté à deux reprises pour ce que le médecin a considéré comme des malaises simulés. C’est pourquoi l’escorte chargée de le ramener était composée de trois éléments et non de deux, comme le veut l’usage. Même entravé avec du velcro au niveau des jambes, des genoux et des chevilles, le jeune homme se débat car il préfère « mourir plutôt que repartir », l’a entendu dire l’un des fonctionnaire de police. Pour le maintenir sur son siège, les policiers le plient alors en deux, la tête sur les genoux, pendant plus de vingt minutes. Trois témoins alors membres du personnel de la compagnie aérienne affirment avoir vu tantôt un, tantôt deux policiers s’asseoir sur le dos de Hagos, ce que les gardiens de la paix nient. Quoi qu’il en soit, « même en retenant la version selon laquelle Axel D. ne s’était pas à proprement parlé assis sur la victime (…), le décès de [Getu Hagos] ne peut s’expliquer que par cette pression de pliage », a conclut l’expert médical, cité dans l’information judiciaire.

Le chef de l’escorte, Axel D., était âgé de 23 ans au moment des faits. Il avait déjà réalisé 65 reconduites depuis 2001, contre une trentaine pour son collègue, David T., 25 ans, et trois pour le renfort, Merwan K., âgé de 29 ans. Tous trois ont été suspendus dix mois avant d’être réintégrés dans de nouveaux services. Les cheveux blonds coupés courts, comme ses deux collègues, le regard inquiet dans son costume sombre, Axel D. s’est défendu jeudi en expliquant avoir « appliqué exactement ce que l’on [lui] a dit de faire dans ces situations », faisant référence à la « consigne du pliage ». De la même façon, pointant l’absence de formation pour ce type de mission, il a assuré qu’aucune instruction ne lui avait jamais été prodiguée sur la limite à ne pas atteindre avant d’interrompre une procédure. Lorsque l’avocat de la partie civile lui a fait remarquer l’existence d’une infraction sur le « refus d’embarquement », le policier a argué que ce n’était pas à lui mais au commandant de bord de prendre cette décision. « Certains d’entre eux, a témoigné David T., nous disent de les laisser crier, d’autres nous disent déjà au pied de l’avion de ne pas monter ».

Une formation pour éviter les accidents

Six mois après l’affaire Hagos – et celle d’un Argentin également mort durant sa reconduite – les pouvoirs publics français ont créé l’Unité nationale d’escorte, de soutien et d’intervention (Unesi). Les policiers candidats doivent se soumettre à une épreuve de « gestes techniques professionnels en intervention » (GTPI) avant de suivre une formation où ces GTPI sont actualisés – la « technique du pliage » est désormais prohibée – et où des gestes de premier secours sont enseignés. Mais malgré des demandes répétées, « nous ne connaissons toujours pas les consignes prodiguées dans ces formations », explique Hélène Gacon, la présidente de l’association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé). Ce qui lui fait craindre que les techniques n’aient pas tant évolué que cela.

Dans l’une de ses publications (La frontière et le droit : la zone d’attente de Roissy sous le regard de l’Anafé), l’Anafé recense, certificat médical et « incapacités de travail » à l’appui, les violences pratiquées d’avril à novembre 2004 lors de tentatives d’éloignement. Pour justifier ces reconduites contre des personnes qui refusent farouchement de quitter le sol français, la DGPN assure qu’elles ont « un rôle dissuasif non négligeable vis-à-vis d’émigrants potentiels et constitue donc un frein, en amont [des] frontières, à l’immigration illégale. » Au contraire, estime Me Maugendre, « ça n’a absolument aucun effet dissuasif. Et je pense que rien n’a d’effet dissuasif. »

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Somalien mort: prison avec sursis requise contre deux policiers de la PAF

AP, Pierre-Antoine Souchard, 28/09/2006

Le procureur de la République de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a requis jeudi de l’emprisonnement avec sursis, sans en préciser la durée, contre deux policiers et la relaxe d’un troisième poursuivis pour homicide volontaire à la suite du décès d’un Somalien de 24 ans, embarqué de force dans un avion en janvier 2003.

Le jugement a été mis en délibéré au 23 novembre.

Les deux premiers fonctionnaires de la Police aux frontières (PAF) policiers « ont été négligents ou maladroits », a assuré l’accusation en estimant que leurs gestes ont conduit au décès de Getu Hagos Mariame. Ce dernier était arrivé le 11 janvier 2003 d’Afrique du Sud. Le 16, sa demande d’asile étant rejetée, il doit être ré-embarqué dans un vol d’Air France à destination de Johannesburg.

Mais l’homme refuse son retour, simule deux malaises en zone d’attente de l’aéroport de Roissy. De force, il est embarqué à l’arrière de l’avion avant les passagers, entre Axel Daillier, 26 ans, chef d’escorte, et Merwan Khellady, 32 ans. Le troisième fonctionnaire, David Tarbouriech, 28 ans, fait face sur la rangée précédente.

Le « déporté accompagné », c’est ainsi qu’on les appelle, hurle, se débat. Pour le forcer à rester calme, Axel Daillier le maintient plié en deux sur son siège, Merwan Khellady tient les menottes, lui entravant les mains dans le dos. David Tarbourieh lui appuie sur la tête de temps en temps pour l’empêcher de se relever mais fera surtout le « tampon », comme il l’a expliqué, avec les passagers.
Getu Hagos Mariame serait resté dans cette position une vingtaine de minutes. Selon l’expertise médicale, cette position pliée a entraîné son décès par manque d’oxygénation. Depuis ce drame, cette « technique du pliage » est interdite

« J’ai appliqué les consignes. On n’avait aucune formation. La consigne de ‘pliage’ était celle à faire lorsqu’un individu se rebellait », a expliqué Axel Daillier. A l’époque des faits, il était à la PAF depuis trois ans et avait déjà effectué une trentaine d’escortes.
Brusquement, le passager se calme. Leur première réflexion est qu’il simule un malaise. Mais bien vite, ils s’aperçoivent qu’il est victime d’un malaise. Le Somalien décédera à l’hôpital.

Pour l’accusation, il ne fait aucun doute que les gestes de Daillier et Khellady, doublé d’une « formation lacunaire », ont entraîné le décès de la victime.

L’avocat de la partie civile, Me Stéphane Maugendre, a estimé que les trois hommes sont allés au-delà de l’usage de la force strictement nécessaire. Et regretté qu’ils n’aient pas eu un mot à l’audience pour les parents de la victime qu’il représente.

Les trois hommes n’ont pas exprimé de regrets. « On ne peut qu’être affecté », a déclaré David Daillier. « C’est quand même assez troublant de vivre avec cela », a ajouté Merwan Khellady tandis que David Tarbouriech assurait qu’il lui avait fallu « trois semaines pour digérer tout cela ».

La défense a plaidé la relaxe. Pour Me François Cornette de Saint-Cyr, avocat de Tarbouriech, ils n’ont « fait que leur devoir », sans excès de « zèle ». Me Georges Holleaux, avocat de Merwan Khellady, a plaidé que ces policiers n’avaient pas de règles écrites en cas de reconduite. Depuis ce drame, elles existent. Après le drame, les trois fonctionnaires avaient été suspendus dix mois, avant d’être réintégrés

Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

europe1_beta, 28/09/2006

Trois fonctionnaires de la Police de l’air et des frontières (PAF) ont comparu jeudi devant le tribunal de Bobigny pour « homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud. La représentante de l’accusation a estimé que deux des prévenus, Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement. Elle a donc requis une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée. Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier. Contre le troisième policier, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit à la mort de la victime. Le jugement a été mis en délibéré au 23 novembre.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était venu une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier. Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise vagal, l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime, Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel. Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Depuis cette ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne être en situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

logo express 28/09/2006

Une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée, a été requise contre deux policiers jugés pour l »’homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La représentante de l’accusation a estimé que les deux prévenus de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement.

Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier.

Contre un troisième policier prévenu des mêmes faits, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit à la mort de la victime.

Le jugement devait être mis en délibéré dans la soirée.

Il est très attendu par le ministère de l’Intérieur comme par les associations de défense des étrangers, au moment où la France s’apprête à dépasser pour l’année 2006 le chiffre de 20.000 expulsions d’étrangers de l’an dernier.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi s’étaient en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier.

Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise « vagual », l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime. Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel.

Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Interrogés sur la mort de l’homme, les prévenus se sont dit « troublés », « surpris » et ont parlé de « situation pas facile à vivre » mais n’ont pas exprimé de regrets.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, leur stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

Reuters, 28/09/2006

Une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée, a été requise contre deux policiers jugés pour homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La représentante de l’accusation a estimé que les deux prévenus de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement.

Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier.

Contre un troisième policier prévenu des mêmes faits, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit a la mort de la victime.

Le jugement devait être mis en délibéré dans la soirée.

Il est très attendu par le ministère de l’Intérieur comme par les associations de défense des étrangers, au moment où la France s’apprête à dépasser pour I’année 2006 le chiffre de 20.000 expulsions d’étrangers de l’an dernier.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi s étaient en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier.

Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise « vagual », l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime, Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel.

Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Interrogés sur la mort de l’homme, les prévenus se sont dit « troublés », « surpris » et ont parlé de situation pas facile à vivre » mais n’ont pas exprimé de regrets.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, leur stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Pourquoi je lis «Libération»

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Stéphane Maugendre avocat, vice-président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) «Je l’achète tous les jours parce que je ne veux pas qu’il meure»

J’avais 12 ans quand Libé est né. Je me souviens encore de Sartre à la télé. Dans l’ambiance familiale, c’était un gros événement. Je me souviens aussi qu’on s’était dit : enfin un journal de gauche ! C’est pour cela que je l’achète encore aujourd’hui, même si je pense qu’il est moins de gauche. Très important aussi, Libération c’était un journal d’opinion, avec des analyses de fond. C’est peut-être un peu moins le cas aujourd’hui, même s’il continue d’animer le débat sur la politique, la culture parfois, et des phénomènes de société importants, comme les sans-papiers. Et cela va au-delà du journal de gauche. Mais Libération devrait reprendre de plus belle. Et puis il y a l’originalité, des numéros spéciaux sur la mort d’Hergé, de Reiser… Toutes ces idées novatrices, comme Ecrans récemment, qui permettent d’avoir un oeil sur autre chose. Bien sûr, j’achète aussi Libé pour être informé, surtout quand je suis en vacances, loin de Paris. J’ai parfois eu des actes d’achat fluctuants. Mais là, je l’achète tous les jours, parce que je ne veux pas qu’il meure. Ce journal ne peut pas mourir, il ne peut pas disparaître, encore moins à quelques mois d’une échéance électorale. Qui sinon va jouer son rôle ? Pas le Monde, encore moins 20 Minutes ou Metro. Car, si j’aimerais que Libé se repolitise davantage, il reste le journal de gauche.

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