Le procès du serial violeur dit «l’électricien» s’ouvre ce jeudi

logoParisien-292x75 Pascale Egré, 30/03/2016

LP/Arnaud Dumontier
LP/Arnaud Dumontier

Il ciblait des petites filles, innocentes et polies, qu’il arrivait à convaincre de le suivre sous prétexte de l’aider à enlever la vis d’un compteur ou à changer une ampoule. Là, dans les étages des escaliers d’immeubles des beaux quartiers de Paris, l’homme leur faisait subir ses attouchements, parfois jusqu’au viol.

A ses proies terrorisées, il laissait parfois une pièce de 10 francs ou giflait celles dont les pleurs l’agaçaient. Dès les premières plaintes à l’encontre de ce pédophile au mode opératoire singulier, en 1990, les policiers de la Brigade des mineurs de Paris lui ont donné un surnom : « l’électricien ». Sa traque, acharnée, n’aboutira que vingt-deux ans plus tard, notamment grâce aux progrès de la science en matière d’ADN.

Confondu en 2012, après avoir été repéré dans une affaire de violences entre voisins, Giovanni Costa, âgé de 77 ans, prendra place ce jeudi dans le box de la cour d’assises de Paris. Son procès est prévu jusqu’au 11 avril. L’enquête, minutieuse, a recensé plus d’une trentaine de victimes, âgées de 6 à 13 ans, entre 1990 et 2003. In fine, du fait de la prescription, huit viols, une tentative de viol et une quinzaine d’agressions sexuelles sur mineurs ont été retenus à son encontre. « Je ne suis pas un violeur », n’a cessé d’affirmer lors de ses interrogatoires cet Italien né en Sicile et au parcours d’errance.

Véhément, grossier, il n’a admis avoir usé de la « technique de l’électricien » que pour commettre des cambriolages. A l’expert psychiatre, il s’est dit la cible d’un « complot ». Son comportement, craint une source judiciaire, risque de peser sur le cours du procès. Sa défense sera assurée par Mes Clémence Cottineau et Merabi Murgulia, deux secrétaires de la conférence.

« Une reconnaissance de sa parole d’enfant »

Durant l’instruction, seules quelques-unes des victimes, toutes retrouvées et réinterrogées par la justice après l’arrestation du suspect en 2012, s’étaient constituées parties civiles. Ainsi de Marie*, âgée de 9 ans au moment des faits, qui y avait tenu « pour celles qui n’en n’avaient pas la force ou le courage », explique son avocate Me Beryl Brown. Au prix d’un travail de thérapie face à la résurgence d’un lourd traumatisme, d’autres, comme Chloée*, y sont désormais décidées. « Elle est terrorisée mais déterminée. Elle espère une reconnaissance de sa parole d’enfant, et de pouvoir faire enfin le deuil de cette histoire », explique son avocat Me Stéphane Maugendre. Ces femmes, pour la plupart trentenaires, devenues parfois mères de famille, ont construit leurs vies malgré les répercussions de ce drame de l’enfance.

Me Maugendre salue « un dossier emblématique » en ce qu’il mêle débats sur la prescription en matière de viols sur mineurs, avancées de la science criminelle, détermination des enquêteurs. A ses yeux, ce procès constitue « un signal à tous les agresseurs d’enfants » : « Il leur dit qu’ils ne seront plus jamais dans l’impunité. »

* les prénoms ont été modifiés

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