Deux fillettes de 3 et 6 ans retenues par erreur plusieurs jours en zone d’attente à Roissy

index 3, Y.T. avec AFP,  12/06/2015 (Video)

Une fillette française de 6 ans et une autre, ivoirienne, de 3 ans, ont été retenues chacune quatre à cinq jours en zone d’attente de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, avant de retrouver leurs parents et la liberté, ont indiqué jeudi des sources concordantes à l’AFP. La première, de nationalité française, a été conduite samedi, à son arrivée du Cameroun, en zone d’attente pour personnes en instance (ZAPI), où sont habituellement placés les sans-papiers qui ne sont pas admis à entrer en France.

Sous l’autorité de la Police aux frontières (PAF), les mineurs y sont accueillis dans des locaux ad hoc, avec du personnel spécialement formé. Scolarisée dans ce pays où elle vit avec sa grand-mère, la fillette venait voir sa mère, française également, en vacances, a précisé l’avocate de cette dernière, Sidonie Leoue. Les policiers ont estimé que ses papiers étaient « usurpés », considérant que la petite fille ne ressemblait pas à la photo sur son passeport français, pourtant récent.

Demande d’indemnisation

Il a fallu quatre jours pour qu’elle soit libérée, la petite fille reconnaissant sans hésitation sa maman à l’aéroport et au tribunal de Bobigny, où elle comparaissait mardi. Elle a aussi pu nommer sa maîtresse et ses camarades de classe sur une photo scolaire. Le juge a souligné que « l’ensemble des éléments du dossier » contredisait la version policière du faux passeport. Me Leoue compte désormais demander des dommages-intérêts à l’Etat et la restitution des papiers.

« Elle n’arrête pas d’en parler »

Interviewée ce vendredi matin, sur Europe 1, la maman de la fillette explique que sa fille « commence à reprendre un peu ses marques. Elle va beaucoup mieux. Elle n’arrête pas d’en parler et pose plein de questions » Pour l’instant, elle le prend encore bien mais combien de temps ? »

La petite ivoirienne Fanta est, elle, arrivée samedi à l’aéroport et n’a été libérée que mercredi, sur décision du juge des libertés et de la détention (JLD), ont expliqué son père et son avocate à l’AFP. Le maintien d’un enfant aussi jeune, isolé de ses parents, en ZAPI, est exceptionnel, a précisé une source impliquée dans le dossier. Cette décision se justifiait toutefois par la nécessité de vérifier que c’était bien son père qui l’accompagnait et qu’elle n’avait pas été arrachée à sa famille ivoirienne, a précisé cette source, qui n’est pas liée aux autorités policières.

Le père de Fanta avait présenté aux policiers un faux passeport, acquis selon lui parce qu’il devait la ramener d’urgence en France et que, lui-même en situation irrégulière, il ne pouvait user des voies légales. « Il fallait coûte que coûte aller chercher ma fille pour éviter qu’elle ne soit excisée », a expliqué Mohammed Doumbia, qui affirme avoir demandé l’asile pour elle. Suite à ces faits, une enquête a été ouverte par le Défenseur des droits pour éclaircir les circonstances du maintien de Fanta dans la Zapi, a déclaré une porte-parole. Contactée, la préfecture n’avait pas réagi jeudi après-midi.

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Argenteuil : six ans après sa mort, les proches d’Ali Ziri ne désarment pas

Propos Recueillis par Maïram Guissé, 11/06/2015

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Photo Jocelyne Moreira

Le collectif Vérité et justice pour Ali Ziri reste mobilisé. Ce vendredi soir*, il organise un hommage à la mémoire du retraité algérien, sur la dalle d’Argenteuil. Une date symbolique, puisqu’il s’agit du sixième anniversaire de la mort d’Ali Ziri, 69 ans.

Le Chibani est décédé le 11 juin 2009, à l’hôpital d’Argenteuil, deux jours après son interpellation mouvementée par la police, à la suite d’un contrôle routier pour état d’ivresse, à Argenteuil. L’avocat de la famille, Stéphane Maugendre revient sur six années d’instruction judiciaire.

Où en est l’affaire aujourd’hui ?

STÉPHANE MAUGENDRE. Nous nous sommes pourvus en Cassation, pour la deuxième fois, après la décision de la chambre de l’instruction de Rennes (NDLR : Ille-et-Vilaine). Cette dernière a confirmé en décembre le non-lieu déjà rendu en octobre 2012 par le juge d’instruction du tribunal de Pontoise. L’arrêt de Rennes, que je trouve scandaleux, dit que la police a utilisé la force nécessaire.

Qu’attendez-vous de la Cour de cassation ?

Soit elle annule l’arrêt de Rennes, estimant que la décision n’a pas été bien motivée. Soit elle le confirme, estimant que tout a bien été traité. Dans ce cas, nous sommes prêts à saisir la Cour européenne des droits de l’Homme. Dans cette affaire, il n’y a pas eu d’instruction véritable menée par un juge d’instruction. Nous ne lâcherons pas.

Que demandez-vous ?

Six ans après la mort d’Ali Ziri, les trois policiers en cause n’ont jamais été entendus par aucun juge d’instruction saisi de l’affaire. Or, une policière a indiqué avoir utilisé la technique du pliage sur le retraité. Nous avons également demandé l’audition des témoins, et qu’une reconstitution soit faite au regard des expertises. Tout cela nous a toujours été refusé, comme le visionnage de la vidéo de l’arrivée d’Ali Ziri au commissariat d’Argenteuil. Quand une personne meurt en étant sous l’autorité de fonctionnaires de police, toutes les portes doivent être ouvertes pour être refermées une à une, sans négliger aucune piste. Propos RecueillisParMaïram Guissé

* Vendredi, à 20 h 30, Esplanade de l’Europe à Argenteuil. Gratuit.

L’interpellation mouvementée du retraité au cœur des débats

L’innocence des trois policiers qui ont procédé à l’interpellation d’Ali Ziri, le 9 juin 2009, à Argenteuil, ne fait aucun doute pour le syndicat de police Alliance. « Depuis le début, on ne cesse de dire que les collègues n’ont pas causé la mort de M. Ziri, insiste Ludovic Collignon, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance. La technique du pliage n’a jamais été utilisée contrairement à ce que l’on peut entendre. »

L’interpellation était mouvementée. Sur ce point, tous sont d’accord. « Il (NDLR : Ali Ziri) était assis derrière, côté passager. La policière lui a maintenu le haut du corps contre l’appui-tête pour éviter qu’il ne donne des coups au collègue qui était à l’arrière », détaille Ludovic Collignon. Le syndicat aurait aimé que les policiers — toujours en service — soient « entendus par les juges d’instruction, car ça n’a pas été le cas » et qu’une « reconstitution soit faite ». « Si ça permettait à la famille de M. Ziri d’avoir des explications et de faire son deuil… », réagit-il.

La mobilisation des proches et du collectif, le syndicat dit la « comprendre ». « Mais je ne comprends pas pourquoi personne ne se pose de questions en direction du corps médical. Quand M. Ziri est arrivé à l’hôpital d’Argenteuil, il était conscient. L’infirmière n’a pas jugé bon de prendre ces constantes. Dix minutes plus tard, le médecin l’a trouvé en arrêt respiratoire. Personne ne regarde de ce côté », martèle Ludovic Collignon.

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