Deux ans ferme pour l’agresseur des kinés

logoParisien-292x75 01/03/2012

Le jeune homme avait menacé la praticienne et sa consœur en plein après-midi, en août 2010, dans un cabinet de Pierrefitte. Il avait été confondu par son ADN.

Sallou n’a pas attendu le résultat des délibérations des juges, profitant de la suspension d’audience pour s’éclipser du tribunal. Ce jeune homme de bientôt 20 ans avait quelques raisons de craindre la sanction : arrivé libre à son procès pour l’agression et le vol de deux femmes kinésithérapeutes, dans leur cabinet de Pierrefitte en août 2010, il risquait fort de quitter le tribunal de Bobigny en fourgon, direction la prison, pour y purger les deux ans ferme finalement prononcés contre lui hier après-midi.

 Le substitut du procureur en avait même requis quatre dont trois ferme, avec mandat de dépôt à l’audience. Désormais, c’est un mandat d’arrêt immédiat qui court sur le nom de ce grand jeune homme dont le repentir apparent n’a pas convaincu les juges. Pas plus que sa constance à affirmer qu’il ignorait l’activité de ses victimes, lorsqu’il a surgi, un pistolet à billes en main et réclamant « de l’argent », avec deux complices d’à peine 15 et 17 ans.


Sallou avait pu être confondu par l’empreinte ADN décelée sur un sweat-shirt, qu’il avait abandonné dans une ruelle de la cité des Poètes. C’est là que trois jeunes correspondant au signalement des agresseurs avaient été repérés peu après leur attaque au butin finalement dérisoire d’un ordinateur portable.

C’était le 20 août 2010, au cœur de l’après-midi, dans le cabinet de kinés associées d’une zone pavillonnaire de Pierrefitte. Sallou et ses copains y étaient entrés une première fois pour « des renseignements sur la prise de rendez-vous ». Aline Guillier et sa consœur étaient alors toutes deux occupées avec leurs patients. L’une avec une mère et son bébé de 2 mois, l’autre avec une femme fragilisée par une maladie grave.

Soudain, les trois jeunes étaient revenus, tout de noir vêtus et capuche jusqu’au nez. La scène avait duré une poignée de secondes, qui ont paru une éternité. Aline Guillier y est revenue avec une émotion palpable, la voix tremblante, hier à la barre du tribunal. « Il m’a pointé son pistolet sur la tempe, se souvient-elle en s’efforçant de regarder Sallou, assis à moins de deux mètres. Il réclamait de l’argent et les clés d’une Mercedes garée devant le cabinet! J’ai expliqué qu’on n’avait pas d’argent ici, que c’était un cabinet médical, et que cette voiture n’était pas à nous. Et, soudain, ils sont partis. Quant à savoir si son arme était un jouet ou un vrai pistolet… » La jeune femme reste persuadée que ses agresseurs « ont bien vu qu’il y avait des femmes, des enfants qui attendaient. Ils ne pouvaient ignorer qu’ils étaient dans un endroit de soins ».

C’est pour cette raison que le Conseil départemental de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes a décidé de se porter partie civile, soutenu par Me Maugendre  (avocat). Le tribunal a jugé recevable cette demande, confirmant le caractère délibéré de l’agression du cabinet, précisément en raison de son activité et de la vulnérabilité des praticiens. Les agressions de médecins et de professionnels de santé s’étaient d’ailleurs multipliées, en 2009 et 2010, notamment à Pierrefitte, et les praticiens avaient plusieurs fois manifesté leur désespoir et leur colère.

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