Dérive de migrants en Méditerranée: Deux rescapés portent plainte à Paris et Madrid

logo_72dpi2_400x400 avec AFP,

JUSTICE Ils veulent établir les responsabilités des armées française et espagnole dans le drame…

 Un bateau de migrants arrive sur l'île italienne de Lampedusa, le 1er août 2011. Sur le quai sont allongés les corps de 25 migrants africains qui tentaient de rejoindre l'Italie depuis la Libye.
ALESSIA CAPASSO/AP/SIPA

 

Deux rescapés de la dérive d’un canot de migrants, qui avait fait 63 morts en 2011 en Méditerranée, ont porté plainte mardi à Paris et Madrid pour établir les responsabilités des armées française et espagnole dans le drame. Pendant les 15 jours de dérive, «nous avons vu des hélicoptères, des navires militaires et des bateaux de pêche, mais personne ne nous a aidés», a raconté lors d’une conférence de presse l’un des neuf survivants, Abu Kurke, un Erythréen de 25 ans, qui a déposé plainte pour «non assistance à personne en danger».

Le 26 mars 2011, au début de l’intervention occidentale en Libye, 72 migrants africains avaient quitté Tripoli à bord d’un zodiac pour gagner l’Italie. Très rapidement, ils avaient perdu le contrôle de leur embarcation, qui finira rejetée sur les côtes libyennes le 10 avril. «Les gens sont morts de faim ou de soif, d’autres ont été emportés par des vagues», a expliqué Abu Kurke. «A cause des odeurs, nous avons dû jeter les corps à la mer.» Lui pense avoir survécu parce qu’il «bu un peu d’urine et mangé du dentifrice». Dès le deuxième jour, les migrants avaient passé un appel de détresse avec un téléphone satellitaire, ce qui avait permis d’établir leur localisation. Les garde-côtes italiens avaient relayé le message à l’ensemble des navires circulant dans la zone.

Une plainte a été déposée simultanément à Madrid

Pour comprendre pourquoi aucun navire ne les avait secourus alors que plusieurs bateaux occidentaux croisaient à proximité, des rescapés, soutenus par des organisations de défense des droits de l’Homme, ont lancé des actions juridiques dans plusieurs pays. En France, ils avaient déposé une première plainte en avril 2012, mais elle a été classée sans suite. M. Kurke, un autre rescapé, et quatre associations (LDH, FIDH, Gisti, Migreurop) ont donc décidé de déposer une nouvelle plainte, cette fois avec constitution de partie civile pour obtenir la nomination d’un juge d’instruction. Une plainte a été déposée simultanément à Madrid pour «crime de guerre par non assistance à personne en danger », a expliqué Me Gonzalo Boye.

D’autres plaintes ont déjà été déposées en Iralie, une autre suivra bientôt en Belgique, a ajouté Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Des procédures sont également en cours au Canada et aux Etats-Unis pour obtenir plus d’informations.

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