Crime du périphérique : les vérités accablantes de Mme Simone

logo france soir Olivier Pellardeau, 12/09/2000

«J’ai toujours été honnête, dans mon genre. Oh, vous pouvez douter : je ne suis qu’une tenancière de la rue Saint-Denis… Mais je fais ça pour cette dame policier. Qu’elle dorme en paix. Ils l’ont tuée pour rigoler ! »

Accent paysan, geste large, petite et sourde, jean moulant, gilet noir sans manche, Mme Simone, 71 ans, agite sa queue de cheval à mesure qu’elle vide son sac devant la cour d’assises de Paris. Mère, grand-mère : autant de bouches qu’il a fallu nourrir. Alors, en vingt-cinq ans de trottoirs et de studios, elle en a appris. Et elle parle. Par dégoût de « ce crime horrible ». Par revanche pour ce boulevard du stupre qui l’a bannie en 1998, après qu’on l’ait « fait tomber avec tout (son) immeuble » : « On aura ta peau, balance ! »

Les trois accusés sont deux anciens videurs d’immeubles, Aziz Oulamara et Marc Petaux, et une prostituée (Nathalie Delhomme alias Johana. « En 1991, quand la policière en patrouille a été tuée sur le périphérique à Clignancourt, ils étaient toujours ensemble. Jacky (Oulamara), un brave gars, a eu de mauvaises fréquentations, s’est fait avoir. » Un regard vers Petaux, « plus dealer que videur ». Et cette évidence de la rumeur : « Une bonne partie de la rue savait. » Oulamara parlait trop, se vantant d’avoir mis dans le mille, prenant Marco à témoin. Simone, et d’autres habituées parlent de Delhomme, de Petaux, de leur violence, du racket des filles. Une prostituée : «Aziz m’a dit qu’une affaire avec Marco avait mal tourné, qu’ils
avaient défouraillé sur les condés. »

Mme Simone : « Un jour, j’ai dit à Jacky que Clignancourt, c’était lui. Oui, mais faut le prouver, qu’il a répondu. » Alors, elle alerte un « contact » policier, en 1991, s’inquiétant de voir ces enquêteurs qui recherchent dans la rue une voiture noire des agresseurs. Dame : ça tue le commerce.

Ennuis

Elle livre le numéro d’immatriculation de Delhomme, et ses soupçons avec. En vain. Par peur d’ennuis, elle se tait. Elle réitère devant un autre policier d’une autre brigade, fin 1996, un soir de blues, dans un bar. Premier fil d’une pelote. La bonne. L’assassinat aurait pu être élucidé plus tôt…

« J’ai pas de voiture. Je ne quittais pas la rue pour aller sur des plans came porte de la Chapelle », jure Nathalie Delhomme. Mais ces affirmations I pleurées se heurtent aux témoignages. Le seul à donner un motif à cette virée tragique du 20 février 1991 sur le périphérique, c’est Oulamara : un plan came. Malgré ses dénégations -« j’ai menti en accusant Petaux et Delhomme pour les punir de leurs propos dans une autre affaire-, Oulamara accrédite ses aveux chez le juge : il conduisait, Petaux passager lui a ordonné de s’arrêter à hauteur de la voiture siglée police, est sorti, a tiré deux fois. L’expert balistique ne dit pas autre chose.

Serge, un fourgue, indique avoir vendu un fusil de chasse à Petaux, et l’avoir vu rentrer à Saint-Ouen avec Aziz, chez les Oulamara, la nuit du crime. Tout près de la porte de Saint-Ouen où la voiture des agresseurs avait disparu dans la nuit.