« Clandestin jusque dans la mort »

images Lisa Vaturi, 14/06/2001

Bienvenu Makolo est mort le 3 juillet 1998. Deux jours plus tôt, ce Zaïrois de 37 ans, vigile au centre commercial de Rosny, avait été blessé de deux coups de couteau lors d’une altercation entre jeunes et agents de sécurité. Il avait succombé à l’hôpital. Le procès de son agresseur aura lieu les 19 et 20 juin devant la cour d’assises de Bobigny.

Bienvenu Makolo était l’un de ces clandestins longue durée qui soulignent l’absurdité de la législation : il est mort sous le nom de son frère, N’Kombe Makolo, naturalisé français et rebaptisé Henri. C’était la seule manière pour lui, sans papiers, d’obtenir un emploi. « L’assurance de son employeur refuse de verser le capital-décès à ses proches, sous prétexte que le souscripteur n’est pas mort, s’indigne l’avocat de la famille, Me Stéphane Maugendre.

Bienvenu Makolo sera resté clandestin jusque dans sa mort. » Clandestin, il l’est déjà en 1988, quand il fuit le Zaïre et les rangs d’une armée dont il ne peut pas démissionner. Clandestin, il l’est encore lorsqu’il choisit de rester en France avec son frère et sa sœur, mal¬gré le rejet de sa demande d’asile politique. En 1997, ce colosse, ceinture noire de judo et « vedette » de la communauté zaïroise en région pari¬sienne, profite de la circulaire Chevènement pour demander sa régularisation. La procédure était en cours lorsqu’il a été agressé.