Stéphane, 29 ans

L'Obs - Actualité Thierry Gandillot, 08/02/1990

« si c’est pas l’enfer, c’est parce que j’adore ça »
Cheveux longs, jamais de cravate, Stéphane Maugendre, 29 ans, maitrise de droit à Tolbiac, est inscrit au barreau depuis deux ans. Il est membre du bureau du Syndicat des Avocats de France et militant au GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Travailleurs immigrés), «une sorte de SOS-Racisme sérieux». Après avoir été collaborateur à mi-temps dans un cabinet déjà lancé, il s’installe à son compte, en septembre 1989, avec un confrère de son âge, dans un petit appartement de Rosny-sous-Bois (75 mètres carrés, loué 3 600 francs par mois).

« On m’a dit : « Ne va pas t’installer en Seine-Saint-Denis, tu n’auras jamais de grosses affaires ». Grossière erreur : ça démarre et j’ai déjà rentré quelques clients importants. II y a un gros besoin dans ce département qui compte 160 avocats pour 1,3 million de personnes. A Paris, il y a 6 000 avocats pour 2,3 millions. » En 1989, Stéphane a gagne 80 000 francs environ, grâce à son travail de collaborateur à mi-temps et a ses clients personnels. Cette année, finie la collaboration !

Stéphane compte vivre de son propre cabinet. « Mais nous n’avons pas de secrétaire et je dors cinq ou six heures par nuit. Si ce n’est pas l’enfer, c’est parce que j’adore ça »

Stéphane, fils de médecins soixante-huitards, reconnait avoir « Ies dents longues mais pas au point de les planter dans le dos d’un confrère »

Pour la première fois depuis deux ans va prendre des vacances – une semaine de ski à la montagne. « ça m’angoisse complètement, j’ai déjà mal au dos, je travaille trop, je paierai certainement un jour… ».

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