« Les victimes ont vu leur dernière heure arriver »

logoParisien-292x75Frédéric Naizot, 06/12/2013

« Les victimes ont vu leur dernière heure arriver » : Me Stéphane Maugendre, avocat de la Poste, dont plusieurs employés ont été séquestrés par les accusés.

«Il sentira à vie la sensation de l’arme froide sur sa tempe. » Hier après-midi, Me Stéphane Maugendre, a résumé dans sa plaidoirie tout l’impact d’un braquage, vécu par une des victimes du trio. L’avocat de la Poste, intervenait hier dans le cadre du procès des trois braqueurs qui comparaissent depuis mardi devant la cour d’assises du Val-d’Oise.

En trois mois, entre fin 2010 et début 2011, ils avaient commis sept attaques à main armées, séquestrant les employés des deux Carrefour de Puiseux-Pontoise et de Magny-en-Vexin, comme les employés de la Poste de Boissy-l’Aillerie.

« C’est une agression violente même s’il n’y a pas de coups », a rappelé l’avocat. « C’est vrai, les accusés s’étaient mis des limites. Ne pas charger l’arme ou en utiliser une factice. Mais les victimes ne le savaient pas. Ce qu’on ressent quand on voit une arme braquée sur soi, c’est que sa dernière heure est arrivée. »

Faisant allusion au braquage de la poste d’Orgemont, à Argenteuil, dont le procès s’est tenu il y a un mois, et qui n’a plus jamais rouvert après l’attaque, il estime aussi les accusés responsables pour partie d’un service public qui se désagrège. « Les victimes portent en elles le fardeau de la souffrance » a ajouté l’avocate d’une vingtaine de salariés de Carrefour, qui a rappelé les propos entendus par les employés séquestrés : « Celui qui bouge, je le tue » lance ainsi Luc B., dans le frigo de Magny-en-Vexin où il tient en joue les salariés.

Pas de réelles explications

Mais après trois jours d’audience, la cour d’assises n’a toujours pas compris ce qui a conduit les accusés, qui se sont connus grâce à leur passion pour la musique, à se lancer dans les braquages.

L’un d’eux, Johnny G., a parlé d’une dette de 10 000 €, liée ou non à de la cocaïne. L’hypothèse d’un besoin d’argent pour acquérir le matériel onéreux d’un studio de musique a été aussi évoquée. « C’est la crise », a de son côté avancé Luc B. Un jeune décrit comme ayant une personnalité complexe, à la fois intelligent et immature, capable de trafic en tous genres entre la France et la Martinique, puis de braquages, après avoir pourtant réussi son bac en candidat libre et avoir engrangé les années d’études musicales classiques à Cergy, au conservatoire, avec succès. « Un grand gâchis », souligne la présidente. Verdict ce soir.

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