Dix adolescents mis en examen après la violente agression de Noisy-le-Sec

Le juge a retenu la tentative de meurtre, mais pas la préméditation dans le passage à tabac d’Haroun, 18 ans, aujourd’hui entre la vie et la mort.

L'état de santé de la victime semble s'améliorer, mais reste particulièrement sérieux.
© François Guillot / AFP

Quatre jours après la violente agression d’Haroun, un jeune de 18 ans, à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, neuf mineurs et un majeur ont été mis en examen mercredi soir et cinq d’entre eux ont été écroués. Huit ont été mis en examen pour « tentative de meurtre », et non « tentative d’assassinat », comme l’avait requis le parquet de Bobigny. Le juge n’a pas retenu la préméditation. Les deux autres ont été mis en examen pour « non-dénonciation et non-empêchement d’un crime ».

Sur les six mandats de dépôt requis par le parquet de Bobigny, cinq adolescents, dont celui qui est présenté comme l’instigateur de l’agression, ont été écroués. Les cinq autres ont été placés sous contrôle judiciaire. Les dix mis en examen n’ont pas d’antécédent judiciaire. Il s’agit de neuf mineurs de 14 à 17 ans et d’un majeur de 18 ans.

Déchaînement de violence

Lors d’une conférence de presse, plus tôt, mercredi, la procureur de Bobigny Sylvie Moisson a déclaré qu’Haroun avait été victime d’un « déchaînement de violence », d’une « expédition punitive ». Il a été « battu à mort (…) de manière préméditée, froide, déterminée et même détachée », a-t-elle dit, observant qu' »un tel déchaînement, une telle préméditation, c’est quelque chose qui est assez nouveau ». Le parquet a ouvert une information judiciaire « des chefs de tentative d’assassinat, de non-dénonciation de crime et de vol aggravé ».

L’un des mis en cause, qui « apparaît comme l’instigateur, a repéré l’endroit où se situait la cible, en utilisant un subterfuge, notamment un SMS », a expliqué la procureur. « Les mis en cause se sont rendus sur les lieux après avoir localisé (Haroun), à la gare RER de Noisy », a-t-elle rapporté : « Ils ont encerclé, ils ont porté des coups de poing, de pied, d’une rare violence à la victime qui était au sol. » « Ils ont laissé la victime pour morte après l’avoir dépouillée de son portable, ses chaussures », a dit la procureur, précisant que la plupart des mis en cause avaient reconnu les faits et que la bande vidéo avait permis d’identifier les agresseurs présumés, qui ne portaient pas de cagoule. Haroun a subi des traumatismes crânien et cardiaque. Son pronostic vital était engagé, mais l’état de santé du jeune homme de 18 ans « semble s’améliorer », même s’il « est toujours particulièrement sérieux ». Selon une source policière, il est sorti du coma.

Petite amie

Aux yeux de ses agresseurs, le tort du jeune homme aurait bien été, selon l’enquête, d’avoir fréquenté une jeune fille de leur quartier, le Bois Perrier, à Rosny-sous-Bois, alors que lui était de Sartrouville (Yvelines). Ce mobile est accrédité par le fait qu’il y a quelques semaines, la petite amie d’Haroun et une de ses amies avaient reçu chacune une gifle de la part du frère de cette dernière, l’instigateur présumé de l’agression, au motif qu’elles ne devaient pas sortir avec quelqu’un qui n’habitait pas leur cité, a indiqué le procureur de Bobigny. La petite amie d’Haroun, qui est mineure, est en cours de rescolarisation et sa famille va être relogée, afin d’échapper à une éventuelle vengeance.

Me Stéphane Maugendre, avocat du mineur présenté comme l’instigateur de l’agression, s’est dit « scandalisé par l’instrumentalisation » de cette affaire, notamment sur la vidéo. Il affirme que ce n’est pas la vidéo-surveillance qui a permis d’identifier les jeunes interpellés. Pour lui, l’affaire est « un quiproquo ». Son client aurait cru que sa sœur de 15 ans avait perdu sa virginité avec Haroun, ce qu’il n’aurait pas accepté. Il affirme que l’agression n’a pas été organisée.

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