Un pompier condamné pour avoir menacé le fils Sarkozy

 Valérie Brioux, 26/02/2008

LP/M MENOU
LP/M MENOU

C’est une mauvaise blague que pourraient faire tous les gamins de 12 ans. Benjamin, lui, en a 23 et sa « cible » n’était pas un anonyme déniché au hasard dans l’annuaire mais… Louis Sarkozy. Le voilà donc devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour répondre de huit appels téléphoniques malveillants destinés au plus jeune fils du président de la République, dont le dernier, adressé le 5 janvier vers 0 h 15 après « 5 ou 6 whisky-Coca », ne relevait plus de la plaisanterie.

Pour la première fois, Benjamin, pompier de profession, avait pris soin de laisser un message : « Mon petit Louis, tu vas mourir, demain ou après-demain, tu vas mourir… » Une menace prise d’autant plus au sérieux par sa mère, Cécilia, que le jeune Louis Sarkozy, 10 ans, avait déjà été importuné par une série d’appels entre le 15 et le 18 septembre, émanant du même inconnu qui raccrochait sans mot dire. «Je voulais juste vérifier que c’était bien le bon numéro, j’ai voulu atteindre personne en particulier», bredouille d’une voix à peine audible Benjamin, qui a d’ailleurs voté Sarkozy à la présidentielle.
« J’ai appelé sans réfléchir…Quand je bois, je fais un peu n’importe quoi »

 

Chemise blanche, pantalon noir, souliers impeccablement cirés, le jeune homme au visage juvénile et rougi par l’émotion peine à s’expliquer sur ces « infractions profondément désagréables et inadmissibles » dénoncées par la représentante du parquet « Je ne savais pas ce que je faisais, j’ai appelé sans réfléchir… Quand je bois, je fais un peu n’importe quoi, j’ai été vraiment stupide », tente-il de se justifier, penaud. On le croit, en revanche, sans mal quand il assure ne pas avoir mesuré les conséquences de ces appels malveillants, qui ont donné lieu à une débauche de moyens exceptionnels : saisine de la brigade criminelle et de la section antiterroriste, ouverture d’une enquête en flagrance pour menace de mort par le procureur de la République de Paris en personne, étude minutieuse des relevés de portable…

A ses côtés, Thomas, 20 ans, murmure les mêmes excuses au tribunal. Apprenti responsable marketing au sein d’Orange, c’est lui qui a divulgué à Benjamin, courant septembre, lors d’une soirée, le numéro de Sarkozy et d’une dizaine d’autres personnalités piochées dans la liste des clients VIP de l’opérateur : les rugbymen Sébastien Chabal, Christophe Dominici et Lionel Beauxis, les footballeurs Jean-Pierre Papin et Nicolas Anelka, l’ex-miss France Elodie Gossuin ou encore l’acteur Vincent Cassel. « Je voulais juste faire le malin, j’avais pas conscience des proportions que ça allait prendre », assure Thomas. Les deux prévenus font profil bas à l’écoute des réquisitions du procureur qui réclame quatre et six mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve et cent dix heures de travail d’intérêt général « car il n’est pas anodin de menacer un enfant ».

« Je suis certain que ce jeune homme saura se ressaisir »

Les avocats de « monsieur le président Nicolas Sarkozy » et de son exépouse font preuve de plus de mansuétude. « Il n’y a rien de plus grave que de s’attaquer à un enfant », relève Me Michèle Cahen, mais « il y a plus de peur que de mal et je suis certain que ce jeune homme saura se ressaisir », insiste Me Thierry Herzog, qui promet de transmettre les excuses réitérées de Benjamin auprès de « Louis et de sa famille ».

Ce garçon, « timide, renfermé et immature », a déjà été puni puisqu’il a dû démissionner des Pompiers de Paris, « son rêve », rappelle son avocat Me Stéphane Maugendre. Il voit dans le comportement de son client le « fonctionnement un peu suicidaire » d’un jeune homme qui, à défaut de pouvoir extérioriser la violence de son métier, « a créé en lui des petites bombes que l’alcool a désinhibées ».

Un « gamin » que le tribunal a condamné hier après-midi à trois mois d’emprisonnement avec sursis et 1 euro symbolique de dommages et intérêts tandis que son copain Thomas écopait d’une simple amende de 700 €.

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