Les braqueurs s’étaient fait cueillir à la sortie de la poste

 Damien Delseny, 23/11/ 2005

LES QUATRE braqueurs sont sans doute devenus superstitieux. Leur jeune et très brève carrière dans le banditisme s’est en effet achevée un vendredi 13 devant le bureau de poste de Louvres, cueillis un par un par les gendarmes qui les guettaient. C’était en juin 2003. Aujourd’hui et jusqu’à vendredi soir, ces quatre jeunes âgés maintenant de 20 et 21 ans et originaires de Sarcelles comparaissent devant la cour d’assises du Val-d’Oise pour ce hold-up manqué.

Canon posé sur la tempe ou la nuque
Il est 6 h 50 ce matin-là à Louvres. Les rues du village sont calmes. Pourtant, deux passants remarquent une curieuse scène devant le bureau de poste. Ils reconnaissent un employé, planté devant le distributeur automatique de billets, visiblement apeuré et accompagné par une personne encagoulée. Ils préviennent discrètement la gendarmerie. Cinq minutes plus tard, une patrouille arrive sur le secteur et interpelle immédiatement un jeune homme installé au volant d’une Renault 21 qui attend, moteur tournant, devant l’agence. Quelques secondes plus tard, les militaires aperçoivent trois autres hommes à l’intérieur du bureau qui s’enfuient par l’arrière. Une poursuite s’engage dans les rues et deux autres braqueurs sont interpellés au fond d’une impasse alors qu’ils escaladent un toit. Deux heures plus tard, alors qu’un hélicoptère tourne dans le ciel pour le localiser, le quatrième malfaiteur est arrêté caché entre deux voitures.

Les gendarmes mettent aussi la main sur une carabine 22 long rifle jetée dans un buisson et à laquelle il manque un morceau de crosse qui sera retrouvé à l’intérieur du bureau de poste.

Le symbole d’un braquage violent, comme l’ont rapporté les nombreuses victimes prises en otage dans l’agence. Car pour s’introduire dans le bureau de poste, les trois braqueurs ont profité de l’arrivée du camion de livraison du courrier vers 6 h 25. Menacés par la carabine, le chauffeur et un employé présent sur place ont d’abord été enfermés dans une pièce. Dix autres employés les ont rejoints au fil des minutes. Chaque arrivant était minutieusement fouillé et délesté de son téléphone portable. Certains affirment avoir été mis en joue, d’autres ont carrément senti le canon posé sur leur tempe ou leur nuque. Les trois braqueurs voulaient vider le coffre, mais aucun des employés présents ne pouvait l’ouvrir. Ils ont alors décidé d’attendre le responsable de l’agence. Pour occuper le temps, l’un des malfaiteurs a molesté un employé, lui dérobant sa carte bancaire avant de l’emmener retirer de l’argent au distributeur. Une « erreur » qui a causé la perte des braqueurs, remarqués par deux témoins.

Décrits comme « nerveux », les trois hommes présents dans l’agence ont laissé une impression d’à-peu-près. Il faut dire que, selon leurs propres déclarations pendant l’enquête, le hold-up avait été préparé la veille en marge d’un entraînement de foot. Les débats devant la cour d’assises vont durer trois jours. Le verdict est attendu vendredi.

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